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2 septembre 2017

Le grand renfermement – Episode 2

LES PSYS CONTRE LE TERRORISME ?

A partager sans modération.Vous pouvez prendre connaissance et signer la pétition de l'Association des Jeunes Psychiatres et Jeunes Addictologues ici : https://www.change.org/p/agn%C3%A8s-buzyn-psychiatrie-et-terrorisme-un-lien-irrecevable-et-stigmatisant

Publié par Le PsyLab sur lundi 28 août 2017

Ravie de voir un psy parler de cette façon !

Rappelons que les hôpitaux psychiatriques sont plus des lieux de privation de liberté que de de soins, que la façon dont les politiques abordent la maladie psychique ne fait que renforcer cet éloignement du soin et ce rapprochement de la contrainte.

Oui ! la psychiatrie est un outil de gestion de populations potentiellement dangereuse :

« Sur 36 000 personnes interrogées dans l’enquête « Santé mentale en population générale », plus de 75% associent les termes de fou et de malade mental à des comportements violents et dangereux. » selon JL Roelandt et d’autres chercheurs associés sur cette étude portant sur la France de 2010.

Dans ce contexte, comment se faire élire sur la base d’un regard bienveillant sur ces fous ? Comment parler de soins, d’aide et d’accompagnement à destination d’indésirables, que finalement la société préférerais ne pas avoir en son sein.

Avec cette approche de psychiatrisation des extrémistes religieux, on retourne tranquillement vers le grand renfermement dont parlait Foucault dans son Histoire de la folie à l’âge classique, vers la mise à l’écart, l’enfermement conjoint de tout ce qui dérange l’ordre social et moral, vers l’assimilation de tout ce qui « ne file pas droit » à un même statut celui d’exclu enfermé. Et nous y arrivons peu à peu…

Et si les fous dérangent l’ordre rationnel et social de nos sociétés, si les « criminels » dérangent l’ordre capitalistique et parfois social, si les réfugiés qu’ils soient économiques ou politiques dérangent l’ordre capitalistique et social de l’Occident, c’est bien parce qu’ils osent y mener une vie marginale hors des canons de la société, et qu’ils refusent pour des raisons biologiques pour les premiers – sortes de résistants biologiques à l’ordre établis -, pour des raisons économiques et politiques pour les seconds et pour des raisons de survie digne pour les troisièmes ; le jeu de cette société qui fabrique des êtres vivants formatés à entrer tel un rouage parfaitement usiné dans la mécanique sociale.

Et finalement, nous revenons – si nous en étions sortis par l’apparence d’une différenciation de traitement en morcelant les institutions : prison, hôpital psychiatrique, et centres de demandeurs d’asile – à ce traitement unique pour des populations qui finalement n’ont qu’un point commun : celui de déranger un système dont ils ne peuvent ou ne veulent pas faire partie.

En bout de course, le fou ne peut faire partie du système, le « criminel » ne veut faire partie du système, et le réfugiés tente de faire partie d’un système qui ne veut pas de lui. On en arrive alors naturellement… à la mise en détention de ces populations non utiles à l’économie et au social.

Ces vies marginales, ces vies nues peut-être au sens d’Agamben, sont bel et bien celles de ceux que la société ne veut plus et qu’elle exclue et, ne l’oublions pas, qu’elle enferme toujours. Le centre de déradicalisation constitue le quatrième exemple de cet enfermement généralisé de celui qui s’exclu ou est exclu. Exemple d’une société qui ne sait traiter autrement que par des institutions disciplinaires ce qui lui échappe. Ce qui lui échappe apparait donc par définition dangereux pour elle, dangereux pour sa survie idéologique et matérielle, et bien sûr doit apparaitre comme une menace aux yeux de ceux qu’elle souhaite conserver en son sein.

Et justement, le traitement réservé aux fous, dans son inefficacité et sa violence ; comme le traitement réservé aux criminel, lui aussi dans son inefficacité et sa violence ; le traitement réservé aux réfugiés dans les même dimensions inefficaces et violente ; ne peuvent-ils pas nous amener à nous demander si les réponses offertes à ce que la société nomme la déviance – l’erreur au moulage idéologique et matériel – ne sont pas justement totalement inappropriées. Et peut-être que réfléchir à la façon dont la société traite ses marginaux irréductibles, symbolique de ses limites, peut amener des pistes de réflexion à M Collomb pour adapter la « réponse » de la société au problème des extrémistes religieux. Car tant que la réponse sera uniquement disciplinaire, elle ne sera pas.

 

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