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13 mars 2017

[SISM 2017] Réflexions d’une consultante sur le handicap psychique et la santé mentale au travail (1/4)

philippa motte

A l’occasion des Semaines d’information sur la Santé Mentale du 13 au 26 mars 2017, Philippa vous propose un feuilleton « santé mentale et emploi » en 4 épisodes!

Introduction

Vous devinez peut être qu’avec un job un pareil, on ne s’ennuie pas. La grande aventure commence dès que j’essaye d’expliquer mon métier à quelqu’un. Je vois le visage de mon interlocuteur se déformer et prendre un air inquiet. La phrase qui suit est presque toujours la même : « ah la la la ça ne doit pas être facile » ou bien « le handicap psychique ? Mais ils ne peuvent pas travailler ces gens-là ? »

Nombreuses sont les idées reçues, elles sont aisément formulées, comme s’il était normal d’en avoir. Faire de la formation sur le handicap psychique, c’est d’abord et avant tout travailler sur les préjugés pour faire évoluer les mentalités.

En dehors des experts et des personnes concernées, rares sont ceux qui savent de quoi il s’agit. Même pour les milieux spécialisés, les contours du handicap psychique sont parfois difficiles à tracer. Alors qu’il s’agit d’une thématique complexe et passionnante qui est aussi un véritable enjeu de société.

C’est pourquoi à l’occasion de ces SISM sur la santé mentale et le travail, je vous propose de partager avec vous, quelques-unes de mes réflexions.

Épisode 1 : La loi de 2005 a fait de la santé mentale un sujet de société…

Le handicap psychique a été reconnu pour la première fois par la loi du 11 février 2005. Les personnes aux prises avec une maladie psychique bénéficient désormais de la reconnaissance de travailleurs handicapés. Ils intègrent les 6% de travailleurs handicapés que doivent compter les entreprises de plus de 20 salariés.

La loi a fait sortir les maladies psychiatriques du domaine exclusif de la santé, pour reconnaître leurs conséquences sociales et professionnelles sur la vie des personnes concernées.

Elle a établi une différenciation entre handicap mental et handicap psychique.

Mais cette loi a peut-être fait beaucoup plus encore.

En obligeant le monde du travail à se confronter à la question, c’est toute la société qu’elle a réveillée. Il y a vingt ans, personne ne parlait de troubles psychiques. Depuis 2005, l’espace médiatique s’est emparé des mots bipolaires, burn-out, schizophrénie, dépression, trouble anxieux, passant du « rien du tout » au « tout azimut » pour le meilleur et pour le pire.

Dans les autres sphères de la société, la réalité est plus nuancée. On ouvre doucement les yeux. L’ampleur de la problématique effraye. On voudrait continuer de penser que les problèmes de santé mentale sont un phénomène marginal.

En faisant de la formation et du conseil sur le handicap psychique dans les entreprises, je me suis aperçue que c’était une clef d’entrée vers un sujet beaucoup plus vaste, celui de la santé mentale de l’ensemble des salariés dans les organisations.

La reconnaissance du handicap psychique par la loi de 2005 est en train d’obliger toute une société à se poser des questions qu’elle n’avait pas envie de se poser. C’est long et les résistances sont fortes, mais c’est en route.

épisode 2 : L’émergence de bonnes pratiques en faveur de l’insertion.

La bio de l’auteure

Philippa MottePhilippa Motte est engagée au sein de l’association Clubhouse France depuis sa création.

Après avoir travaillé 10 ans dans la communication associative sur des sujets liés au handicap et à la santé mentale, elle est aujourd’hui consultante sur les enjeux de la santé mentale et du handicap psychique au travail.

Elle forme les entreprises et les pouvoirs publics sur les enjeux de la fragilité psychique au travail, afin de leur donner des clefs pour faciliter l’insertion et le maintien dans l’emploi des personnes concernées. Elle est co-auteur du guide Troubles psychiques et emploi : guide pour les managers, aux Éditions de l’AGIRC ARRCO paru en janvier 2017.

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