Portrait de Psychopompes
Comme Psychopompes, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.
Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires ?
Cela a beaucoup varié au cours du temps et varie d’un moment à un autre selon qui je suis. Mais je sais qu’enfant on se réfugiait énormément dans les livres à tel point que notre mère nous disait d’arrêter de lire autant car cela allait nous rendre fous. Puis on s’est beaucoup réfugié dans les jeux vidéos. Ces derniers font encore partie de nos coping mechanism (mécanismes d’adaptation). La littérature classique nous a beaucoup aidé à apprendre le monde à une époque, puis les sciences humaines et sociales et les écrits militants, en particulier antivalidistes et antipsy, mais aussi des militantes comme Amandine Gay qui nous ont appris beaucoup.
J’aspire à quitter le mode survie et à sortir de la dépendance économique afin d’assurer l’avenir de notre enfant.
Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes ?
Je ne travaille plus mais dans les nombreux métiers que j’ai fait, je crois que j’ai préféré être prof à l’université. Même si cela relevait d’une épreuve de force à chaque fois (l’autisme ne m’a jamais rendu naturellement à l’aise à l’oral). Ce que j’aimais c’était la liberté de créer et transmettre des cours un peu farfelus et pertinents à la fois, de voir que des étudiant.e.s appréciaient mes cours aient avaient confiance en ma compétence malgré mes bizarreries. Un étudiant m’avait même dit gentiment qu’il n’avait jamais eu un prof aussi bizarre de toute sa vie, mais qu’il n’avait aussi jamais appris autant de choses.
Que penses-tu du monde de la santé mentale ?
La psychiatrie est à éviter si on le peut. Les psychiatres pratiquent leur discipline approximative au doigt mouillé le + souvent, se foutant du consensus scientifique et du vécu de leurs patients s’il ne rentre pas dans leur vision du patient. Les institutions psychiatriques sont une plaie qui ont déjà détruit certains membres de ma famille. Elles ne sont nécessaires que parce que l’on ne propose aucune alternative, alors que des alternatives gérées uniquement par des fols ont déjà existé et sont possibles. On a la chance d’être doués pour cacher nos troubles et jouer le rôle du gentil patient modèle, mais aussi d’être blanc et de bien savoir parler, etc.
Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie ?
D’une certaine manière, je ne sais pas ce que c’est de ne pas être fol puis que je suis né autiste et donc décalé dès le début. Avoir un ressenti et un vécu en décalage avec les gens so-disant sains d’esprit permet d’être assez critique des normes dominantes, mais est-ce réellement une bénédiction ?
En revanche, je trouve que j’ai bcp + d’empathie pour les faibles et les marginaux que pour les forts et les puissants, depuis toujours.
Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais ?
Seulement si Poutou a le pouvoir et uniquement le temps de cramer la psychiatrie pour la remplacer par des centres gérés par des fols à qui on aura ainsi rendu la compétence sur leur propre vie. Les psychiatres sont comme les cadres que l’on a inventé dans les usines pour voler une partie du savoir aux ouvriers et ne pas leur permettre d’être indépendants à 100% dans leur travail. Ce sont les cadres de la folie, ils volent aux fols une partie de leur compétence sur leur propre folie. Leur fonction c’est le contrôle social, le flicage de leurs parentalités, la normalisation des fols si possible, leur enfermement si pas possible. Dans quel monde enferme-t-on des gens pour les soigner ?