Portrait de Patrick Le Cardinal
Comme Patrick Le Cardinal, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.
« J’aimerais faire connaître le site du GEM les Ch’tits Bonheurs à Faches-Thumesnil que j’ai vu naître il y a dix ans ! »
Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires?
J’aime beaucoup Nelson Mandela. Ce qu’il a réussi à faire en Afrique du Sud est un modèle pour tout type de lutte sociale. J’aime cette citation qui en dit long :
« J’ai appris que le courage n’était pas l’absence de peur mais la capacité à la vaincre »
A quoi j’aspire ? A vivre une vie intense en relation et en engagement, tout cela à ma mesure. Small is beautiful isn’t it ?
Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes?
C’est une chance et aussi une grande responsabilité d’être médecin-psychiatre.
Ce métier me donne la chance de rencontrer des personnes vraiment formidables capable de beaucoup d’empathie et de créativité. Je pense que nous devrions être beaucoup plus humble dans notre façon d’aborder l’accompagnement des personnes qui nous demandent de l’aide. Il existe beaucoup d’autres ressources que la médecine pour aller mieux, notamment la famille et les amis qui jouent souvent un très grand rôle. Mais nous avons aussi un rôle à jouer et nous devons l’assumer pleinement avec professionnalisme et engagement.
Que penses-tu du monde de la santé mentale?
Ce monde est en train de muter. Depuis les années 1980, les dogmes psychiatriques datant d’à peine deux siècles sont complètement remis en cause. Le terme de schizophrénie qui a tenu 100 ans est maintenant dépassé. Cela à été le cas dans tous les domaines de la science depuis Einstein qui a amené le tournant épistémologique des années 1930. Cela fait partie de ce que certains appellent le « ré-enchantement du monde » et c’est très bien. Chacun à une part à jouer dans ce processus qui mène à plus de vie, plus de tolérance et plus de justice.
Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie?
La folie est un très beau mot qui vient du latin »folium » la feuille. C’est la feuille emportée par le vent dans des mouvements incontrôlables qui a donné allégorie à la folie. La folie est cette énergie sauvage et créatrice qui est une partie essentielle de la nature de l’homme. Le tout est d’apprendre à la canaliser pour l’utiliser à bon escient et savoir s’en servir. C’était précisément ce que l’on retrouve dans les toutes les ethnies primitives chez les chamans par exemple. J’ai vécu personnellement pendant une année en forêt équatoriale en RDC (République Démocratique du Congo) où j’ai pu côtoyer des guérisseurs traditionnels et observer comment ils prenaient en charge les personnes qui souffraient de possession. C’est un art très codifié qui n’a rien à voir avec la sorcellerie contrairement à ce que l’on croit et qui donne de très bons résultats.
Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais?
J’avoue que je n’y ai jamais pensé. Je crois que les bons politiques sont ceux qui ne sont pas intéressés par le pouvoir mais qui prennent des responsabilités par devoir.
Si j’étais ministre de la santé mentale, j’arrêterais de demander des rapports et je mettrais en place une bonne partie des préconisations des rapports sortis ces 15 dernières années. En plus, je financerais des maisons de répit et de rétablissement sur tout le territoire.