« Les choses qui ne se disent pas »
Un jour, j’ai dit à une prof : « Je pense des choses qui ne se disent pas. »
Aujourd’hui, j’en souris mais je m’interroge sur l’auto-censure et cette faculté que j’ai à taire mes pensées. Passons l’hypothèse de la timidité qui me pousse à me protéger du jugement de mon interlocuteur ou à ne pas le froisser.
Quelle est cette puissante force qui bloque les mots avant qu’ils ne sortent de ma bouche ? Nul doute que ma tête est envahie par un flot de pensées mais existe-t-il des pensées non-verbalisables ou n’est-ce qu’un flux de pensées parasites pré-verbales ?
Ecrire c’est aussi mettre des mots à ces pensées tout en en découvrant de nouvelles. Ces mots que je barre au fur et à mesure que j’écris, c’est une censure mais aussi une manière de clarifier ma pensée. Je lui trace un sillon pour qu’elle devienne intelligible.
Dans le fond, on ne peut pas dire tout ce qui nous passe par la tête mais le danger quand on se tait trop longtemps c’est que les pensées laissent place au vide au point d’en devenir malade ou fou. Le silence est parfois le signe d’un mal-être que les mots peuvent apaiser.
Apprendre à gérer ses émotions, c’est apprendre à les verbaliser pour qu’elles ne deviennent pas toxiques. Parler et écrire, c’est ne pas tout dire mais c’est aussi ne pas s’empêcher de penser.