BIPOLARITÉ : L’UTILITÉ DE LA DÉPRESSION [lucie_ptit_lu]
Quoi qu’il arrive, je suis là pour t’aider. Je sais où tu es que tu sois dans le ciel ou au fond de l’océan, je viendrai te chercher.
Pour toi, je me jette à l’eau, je fais un plongeon. Je mets mon casque de cosmonaute avec un sas de décompression. Je vais explorer les méandres de ta dépression. Est-ce que tu ressens, quand tu t’enlises, la pesanteur de la pression de l’eau, qui ne retient ma raison que par un fil ? Je coule lentement et je vois de la vase, des vestiges de ton passé, comme dans les films ou les dessins animés. Tout est silencieux, tout est calme, tout est empoussiéré. La dépression, c’est ton âme qui est figée.
Les algues se sont répandues sur tes souvenirs. Ta mémoire se verrouille, ton cerveau te prive d’aller chercher ton histoire. Les souvenirs cachés dans les trésors sont parfois des serpents de mer terrifiants. C’est ton esprit qui décidera quand te donner les clés pour les trouver. Ta mémoire te permettra d’accéder à ce dont tu as exactement besoin, au bon moment. Si tu es impatient, tu vas sortir des requins !
En hypomanie et manie, ton esprit te fait vivre la dé-compensation. Et en compensation, il te fait vivre la dépression. Le principe est simple, l’équilibration : quand c’est trop d’un côté, c’est trop de l’autre aussi. Ton crâne s’est ouvert en deux, le cerveau essaie de recoller les morceaux, comme il peut, car tu as voulu aller trop loin et trop vite. Quand un plongeur saute à l’eau ; il descend par des paliers de décompression au niveau de l’oxygène. Petit à petit, il teste les limites. Tu dois comprendre qu’il faut que tu l’imites. Un jour, je t’expliquerai tout, quand on se retrouvera à la surface, quand je redescendrais sur terre avec toi qui reprendra ta première bouffée d’air. Quand l’émotion revient, c’est la guérison de la dépression.
Si tu ne laisses pas l’expression de tes émotions à ton corps, il les transforme en symptômes. « La Mal a dit ». Le mal à dire. Et si tu continues de lutter, d’éviter tes émotions, de continuer de vivre avec du stress, et dans un carcan absurde, il va te dire « Médor, couché ». Ou alors… Couché, mais dort ? Ton esprit t’empêche de bouger, tes membres sont engourdis, tes phrases ne sortent plus, tu ne sais plus si c’est le jour où la nuit, si c’est mardi ou samedi. Le temps pour toi s’est arrêté. Et la terre continue de tourner sans toi. Le reste, ce sera à toi de trouver, mais tu n’es pas seul. Appelle au secours, tape les bons numéros. Pas celui du SAMU, mais celui de SOS amitié.
En dépression, je te le demande, comment pourrais-je t’aider ? Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Veux-tu lire un message, entendre mon rire ? Un appel audio, un appel vidéo ? Ou te laisser seul parfois ? Qu’est-ce que je dois te dire ? Il n’y a que toi, qui le sait. C’est toi qui vas créer ton scaphandre de protection, et m’aider à tisser notre filet de sécurité.
Je suis là, j’arrive au fond, je te vois. Ton fil est trop loin et ta combinaison est bien trop lourde. As-tu vraiment envie de remonter, maintenant, et de reprendre ta vie exactement comme avant ? La dépression te poussera à modifier ton environnement. L’écouteras-tu ? Pour réussir la recette de ta vie, il faudra changer d’ingrédients. Le chimique, c’est ta béquille, ton garde-fou. Tes amis sont tes pêcheurs, ils t’accrocheront un fil pour te rattacher à la terre quand tu voudras devenir cerveau volant. Un plongeur ne plonge jamais seul, il y a l’autre plongeur sur le bateau à la surface de l’eau. Celui qui plonge lui envoie des signaux s’il est en détresse.
Je te mets le vers le plus séduisant, un beau vers bien gluant, bien juteux, celui qui te fait le moins peur, et hop, je te tirerai en douceur ! Et après je te cuis à la broche. Nan, je déconne. Je te remettrais à l’eau. En espérant ne pas t’avoir écorché la bouche. La dépression t’invite à abandonner, à baisser les armes, à te laisser aller complètement, pour ne plus réfléchir. Prends la dépression comme un message à décoder. Ton corps estime que tu dois te reposer, repose-toi. Plus tu luttes contre vents et marées à vouloir sortir de la dépression, plus tu vas galérer à remonter avec tes deux bras et tes pales. C’est ton mental, et ton cœur, qui te paralyse toi et ton corps, voit la dépression comme une sage surprise.
Tu sais ce qu’il arrive aux scaphandriers qui remontent trop vite à la surface sans respecter les paliers de décompression ? Ils meurent, alors écoute-moi et surtout écoute-toi. Quand on te dit, « souffle, décompresse », dé-stresse. Dé-compression… Un SAS de décompression , respire, enlève la pression. Tu viens de comprendre, l’utilité de la dé-pression Et quoi qu’il arrive, je suis là pour t’aider. Je sais où tu es, que tu sois dans le ciel ou au fond de l’océan, je viendrais te chercher.
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