« Chez toute personne dite saine persiste une part de folie gardée », Guy Baillon
L’assimilation de la folie au crime doit être désamorcée avec détermination. Certains médias jouent là un rôle exécrable, faisant le choix déterminé de nourrir ces peurs pour attirer les lecteurs et les pétrifier. Pour tenter de modifier cette peur de la folie nous avons deux arguments :
- Des chiffres : les enquêtes successives montrent que les personnes présentant des troubles psychiques graves ne sont pas plus souvent auteurs de crimes que la moyenne de la population. Pour les récidivistes, c’est encore plus net, elles sont très inférieures. Il a été montré récemment que leurs violences ne sont pas supérieures à la moyenne. A l’inverse, ces personnes sont 17 fois plus souvent victimes de délits et d’agression que le reste de la population.
- Le point fort reste la découverte en 1800 de Pussin (gardien à Bicêtre), de sa femme Marguerite et de Pinel (médecin), qui ont constaté que les troubles psychiques les plus graves sont variables et évolutifs. Ils ont alors affirmé que « la folie totale n’existe pas », que « chez les personnes troublées existe toujours une part de raison gardée ».
[…] N’oublions pas que l’amour est « totalement déraisonnable » – c’est-à-dire peu productif ? Et pour inverser la proposition de Pinel et Pussin découvrant la psychiatrie, ne pouvons-nous pas dire : « Chez toute personne dite saine persiste une part de folie gardée ».
Extrait des conclusions du colloque « L’entreprise face aux troubles psychiques. Comment l’entreprise peut-elle aborder la question de la santé mentale? » du 29 avril 2009, par Guy Baillon, Psychiatre des Hôpitaux.