Je ne suis pas une handicapée psychique
« Une des expressions politiquement correctes, soutenue notamment par les associations de familles, pour parler des personnes avec une maladie mentale, est celle d’handicap psychique.
Je n’aime pas cette expression. J’AI une maladie mentale, mais je ne SUIS pas une handicapée psychique.
Certes, la maladie peut-être handicapante. Mais une maladie est est en perpétuelle évolution et peut même disparaître complètement, dans les périodes de rémissions. Une maladie peut aussi exister sans handicaper, en étant soignée. Elle existe toujours mais n’handicape plus.
Quelqu’un qui a une maladie comme un cancer ne sera pas dit handicapé, alors pourquoi en serait-il autrement avec une maladie mentale? Une maladie physique peut se révéler pourtant tout aussi handicapante qu’une maladie mentale.
Il ne s’agit pas de nier les handicaps que peuvent entraîner les maladies mentales, ni les aides qui vont avec, au contraire. Mais il s’agit surtout de croire toujours au rétablissement, au fait que ces handicaps ne sont pas inscrits dans le marbre. On fait donc face à des handicaps liés à une maladie, on n’est pas handicapé éternellement.
Si la maladie m’a handicapée dans ma vie professionnelle, par exemple, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Aurais-je persévéré dans la voie qui est la mienne si je m’étais dit dès le début « je suis handicapée psychique, je suis incapable de travailler auprès du public, et ce sera toujours comme ça »? Sans doute pas.
Les mots maladie mentale ne sont pas des gros mots. Et je n’ai pas envie d’en utiliser d’autres, surtout s’ils figent dans un état de handicap permanent. »