« Madness », une composition originale de Florian Bochkovsky
Un grand merci à Florian Bochkovsky pour cette compo et les explications qui vont avec!
« Le mot folie est assez vaste, et est utilisé dans beaucoup de contextes qui peuvent être pertinents ou non. Dans ce cas-là, j’ai voulu présenter la psychose dans une
ambiance sonore. Pour que ce soit accessible pour tous je ne traiterai pas l’harmonie de la musique. Pour m’aider à expliquer la maladie j’ai inventé un univers, la vie d’un jeune garçon s’appelant Kévin.ATTENTION Je tiens à préciser que tout est fictif et ne s’inspire de la vie de personne. Il me fallait juste une histoire pour expliquer tel ou tel choix au niveau de la composition.
Je vais expliquer dans une première partie la vie du garçon qui sera assez brève, puis dans une autre partie j’expliquerai le choix des timbres utilisés, et de la construction musicale.
Kevin est un jeu garçon qui a une vie banale, mais est triste pour diverses raisons. La tristesse devient de plus en plus pesante au fil du temps. Il devient agressif, est stressé par des événements de la vie, et les « mauvaises émotions » prennent le dessus sur tout le reste. Perdant peu à peu contact avec la réalité, trop dure pour lui. Il s’imagine des scènes fictives qui le soulage de manière partielle .Un jour, ne pouvant plus supporter la pression, il décide d’en terminer, de mettre fin à ces jours. Au moment de passer à l’acte, il est stoppé par un de ses proches et pris en charge par L’hôpital. Avec du temps, il retrouve une vie normale… FIN
Passons maintenant à la composition. Le début, ou intro de 0 à 45 secondes, est représenté par deux aspects qu’ils me semblent essentiels .Le piano et les cordes « col legno » (c’est-à-dire qu’on va jouer les notes avec un violon par exemple en jouant avec l’archet plutôt qu’avec ces crins) Les premières notes entendues au piano dans le morceau présentent la tristesse de Kévin, d’une part et d’autres part la mélodie entendue à 0:07 secondes démontre son amertume de la vie. J’ai volontairement préféré utiliser un piano synthétique qui donne plus facilement une couleur « froide » pour mieux accentuer l’émotion. Une vie sans saveur, ou tout n’est que de noire. Les cols legno (joués aux violoncelles et altos) soulignent toutes « les autres émotions » c’est-à-dire l’agressivité, le mal être qu’entraîne cette tristesse car tout part de là. Les contrebasses jouent une note maintenue pour exprimer l’oppression que ressent l’individu.
Vers 30 secondes, on entend les violons jouant les notes en trémolos (le trémolo est une manière de jouer les notes aux cordes, en agitant l’archet). Les trémolos installent une certaine tension qui est liée à la tristesse. Une seule note est jouée d’ailleurs, cela signifie que sa vie ne tient qu’à un fil. Des percussions sont aussi entendues introduisant le thème de la psychose. Elles jouent durant tout le morceau pour mettre en avant les dégâts que la psychose peut entraîner qu’elle soit physique ou bien psychique. Le reste des sections de cordes c’est-à-dire contrebasses, violoncelles, et violons altos jouent le motif de la tristesse dans cette partie.
De 45 secondes à 1 min 15 secondes les vents entrent dans la danse (clarinettes, hautbois, et flûtes) et jouent donc ce fameux thème, la psychose. Plus particulièrement, le moment où Kévin se détache de la réalité. Croyant soulager ses souffrances, il ne fait que les accumuler. Donc jouer ce thème par les vents est bien évidemment trompeur, car ces instruments sont de natures doux, paisibles, joyeux. D’autres instruments sont aussi entendus comme les effets de cordes soulignant de manière significative la peur, et les cloches tubulaires à la fin vont amener une idée de mort éventuelle.
De 1 min 15 à 1 min 45. On est dans une approche assez particulière. J’ai voulu une créer une sorte ambiance sinistre et de lamentation qui sont chantés par les chœurs féminins d’une part et d’autre part jouer par les trémolos aux violons. Le reste des sections de cordes joue le motif de la tristesse sur 4 mesures alternant avec le motif de la mort. Le basson accompagne ces motifs donnant un aspect plus grave qui est un peu plus oppressant.
De 1 min 45 à 2 min 10 environ. C’est le moment où Kevin passe à acte. On entend le motif de la mort et un autre motif de la psychose. Pour accentuer la violence de son geste, tout l’orchestre se déchaîne. Les cloches, les cordes (violoncelles, contrebasses, et violons altos), les cors français, les trombones et les chœurs féminins jouent donc le motif de mort tandis que les autres instruments trompettes, et 1ers et 2nds violons vont jouer l’autre motif.
De 2 min 10 à la fin. Il y a un arrêt brutal, cela correspond donc au moment où tout semble s’arrêter pour Kévin. Les notes jouées au piano dans les différentes octaves partant de l’aigu vers le grave vont-elles représenter à elles seules la longue descente vers la maladie et faire le résumer. Le dernier accord à la fin est un accord majeur (ou joyeux) car l’histoire se termine bien. Pour une raison plus personnelle, j’ai voulu mettre cet accord, car j’ai bonne espérance que tous ceux qui sont atteints d’une maladie psychique puissent s’en sortir.
On pourrait aller plus loin dans l’explication, mais j’ai préféré rester à l’essentiel. Fin de l’explication »
Florian Bochkovsky.