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30 septembre 2018

Portrait de Julien Hennebo

you are not alone

Comme Julien, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.

Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires?

C’est une bien large question, il y a tant de choses auxquelles j’aspire. Je pourrais résumer en disant la sérénité, le bonheur…

Je souhaite le bonheur dans mon couple, au travail, avec les ami(e)s et le bien être de mes deux enfants, une relation facilitée avec mon ex-femme.

J’aimerais faire évoluer le monde de la psychiatrie, je suis en contact avec les professionnels du secteur.

Je suis président d’une association d’usagers créée en 2017, je souhaite faire évoluer la perception des gens.

Il y a beaucoup d’espoir contrairement à la vision générale du public.

Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes?

J’ai été 10 ans moniteur de char à voile. Je suis un grand adepte des sports nautiques, kite surf et windsurf. J’adore la proximité avec la nature, les sensations fortes… Je suis encore moniteur les weekends et les vacances mais j’essaie de ralentir pour m’octroyer plus de temps pour moi et ma famille.

En mars 2017 j’ai obtenu mon diplôme d’AMP, aide médico psychologique grâce à un congé individuel de formation.

Je travaille depuis novembre 2017 dans un collège-lycée avec internat auprès d’adolescents ayant un handicap moteur.

Mon rôle est de les accompagner dans leur vie quotidienne et de veiller à leur bien être psychologique.

J’aime beaucoup ce travail, c’est riche en relation humaine. J’apprends énormément particulièrement quand il y a des tensions à gérer. Ici les jeunes sont bien traités et on peut leur apporter beaucoup. Et on travaille en équipe pluridisciplinaire.

J’ai maintenant un temps plein (38H30) semaine et je suis en congé pendant chaque vacance scolaire.

Que penses-tu du monde de la santé mentale?

A nouveau c’est large comme question.

D’abord c’est quoi le monde de la santé mentale?

C’est la psychiatrie? Les usagers? Les proches d’usagers? Les ex usagers?

Sans doute tout cela à la fois et plus peut être…

Les psychiatres sont bien trop fermés dans leur monde rationnel, ils refusent d’ accepter qu’il existe des choses qui dépassent l’entendement.

Les usagers sont englués dans leur troubles, manque de confiance en eux, n’arrivent pas à se détacher de leurs proches parents.

Les ex usagers eux ont vraiment du mal à se faire entendre. C’est à se demander s’il ne vaut mieux pas être toujours usager pour être écouté et crédible. Sinon on peut même être vu comme dangereux voire nocifs pour les « autres malades ».

Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie?

La folie fait partie de la vie. Je suis adepte des philosophies asiatiques. Pas d’obscurité sans lumière, pas d’amour sans haine, pas de douleurs sans plaisirs… Et donc pas de folie sans sagesse…

La folie peut être, je crois, un des chemins de la sagesse. Un chemin difficile, très difficile et complexe. On ne sera jamais plus comme avant et d’ailleurs ce n’est plus du tout Ce que l’on cherche une fois rétabli.

Il faut apprendre à gérer de nouvelles émotions très fortes, on est une éponge, il ne faut pas se laisser déborder. C’est un jeu d’équilibriste.

On se connait mieux, on connait mieux son corps, on connait mieux les autres. On apprend beaucoup, on a aussi pleins d’interrogations.

Traverser le monde de la folie pour se rétablir, c’est un chemin initiatique, accepter les choses, se faire tout petit, être très humble et patient et accéder au final à une grande richesse intérieure.

Après ce n’est pas une aventure idyllique, j’aurais pu perdre la vie plusieurs fois, provoquer la mort d’autres personnes, rendre malheureux beaucoup de monde.

Ce qu’on peut tirer de positif de la folie, c’est donc ce à quoi je m’évertue chaque jour et c’est devenu en quelque sorte l’un des principal but de ma vie.

Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais?

Non je ne pense pas. Je serais je crois bien trop éloigné du terrain.

J’aimerais beaucoup dans un premier temps travailler comme « pair aidant professionnel ».

J’aimerais que l’association OPALEGEM fonctionne réellement et que je puisse vraiment aider des personnes à évoluer, à se rétablir d’avantage de leurs troubles. J’aimerais encore qu’il existe dans mon secteur un conseil local en santé mentale.

Ce que je demanderais au ministre, je ne sais pas vraiment, ça dépend du contexte dans lequel je le rencontrerais.

En tous les cas, j’essayerais de lui transmettre mes ressentis, mes émotions, lui faire part de ce que moi j’ai vécu, de ce que je ressens, ce que l’on a dit à mes parents lors de ma première crise:

« Votre fils va prendre un traitement toute sa vie, il fera 20 kg de plus, il n’aura pas la vie que vous aviez espéré ».

Et pourtant… je suis là… et bien différent de leurs prédictions…

Une page que tu aimerais faire connaître?

http://revfrance.org/

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