Portrait de Lou Lubie
Comme la dessinatrice Lou Lubie, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.
Découvrez sa nouvelle bande dessinée Goupil ou Face!
Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires?
Je crois que je me nourris d’un peu de tout, je capte une bonne idée par ci, un trait qui fait mouche par là…
Je suis particulièrement admirative devant le travail de Craig Thompson, un auteur de BD immensément talentueux.
Quant à mes aspirations… si je pouvais vivre sereinement de mon travail créatif, ce serait merveilleux.
Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes?
J’exerce plusieurs métiers – dont auteure de BD et développeuse web -, mais toujours des métiers créatifs ! Faire de la bande dessinée, par exemple, c’est pouvoir exprimer en images des sensations abstraites. En dessinant la cyclothymie sous la forme d’un petit renard dans « Goupil ou face », elle devient beaucoup plus concrète… et beaucoup plus compréhensible pour un lecteur extérieur au trouble. Un atout par rapport aux publications plus médicales et académiques, qui demandent beaucoup de motivation pour être lues !
Que penses-tu du monde de la santé mentale?
Le monde de la santé mentale devrait faire partie intégrante du monde-tout-court…! Personne n’a l’impression de basculer dans « le monde de la santé nasale » quand il a un rhume, il ne devrait pas en être autrement pour le cerveau. Il y a des gens qui ne « croient pas » aux maladies mentales, qui refusent d’admettre qu’ils peuvent être touchés, eux ou leur entourage, qui voient les psys comme des manipulateurs, des affabulateurs… Tout ça traduit une grande peur de l’inconnu qui est un sacré frein au bien-être des personnes atteintes d’une maladie ou d’un trouble psychiatrique.
Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie?
Comme je le raconte dans « Goupil ou face », la cyclothymie – une forme de trouble bipolaire -, entraîne un besoin permanent de neuf, de neuf, toujours de neuf ! Ma solution à moi pour la nourrir, ça a été de piocher dans tous les domaines créatifs : six livres publiés, un site communautaire qui réunit 2.000 dessinateurs (www.forum-dessine.fr), un jeu vidéo créé collaborativement par 82 amateurs, des illustrations réalisées pour des occasions très variées… Je suis aussi extrêmement curieuse de nouvelles rencontres et j’ai l’impression d’avoir noué des relations particulièrement intenses et nourrissantes.
Être cyclothymique rend tout plus bref, plus intense, plus puissant – en positif comme en négatif. Autant essayer d’en profiter !
Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais?
La politique, les costumes cravate et les petits jeux de pouvoir, pas pour moi ! Plus que les lois, je pense que ce sont les idées qu’il est urgent de faire changer : je me sens plus utile en écrivant des bandes dessinées qu’en votant des textes de loi. Si le Ministre de la Santé Mentale pouvait déjà soutenir la myriade d’initiatives artistiques, bénévoles et associatives qui existent, ce serait une aide précieuse pour beaucoup.
(Par contre, si je pouvais toucher un mot au Ministre de la Culture au sujet de la rémunération des auteurs…)