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21 octobre 2018

Portrait de M.D

M.D

Comme M.D, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.

 

Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires?

Ma mère est sans doute la personne qui m’inspire le plus. Elle est humainement hors norme ; la plus pure à mes yeux. Elle a souffert et souffre toujours, mais c’est une armure.

J’ai trouvé refuge dans la philosophie, qui est la voie que j’ai choisi pour reprendre mes études. J’adore apprendre, j’ai toujours aimé cela, et la philo m’apporte encore plus de clés pour comprendre les autres, le monde, et moi-même.

J’aspire à réussir mes études, à les continuer le plus loin possible. A apprendre, encore et toujours.

Secrètement, j’aimerais changer les choses, ne serait-ce qu’à un niveau local, et la politique est un domaine qui m’intéresse beaucoup.

 

Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes?

A l’heure actuelle, je n’ai pas de métier !

J’étudie seulement, et je n’ai pas d’idée fixe de métier. Beaucoup de domaines différents m’intéressent.

Pendant longtemps, j’ai souhaité travailler au contact d’animaux, ils me font un bien fou. Mais j’aime aussi le contact avec les personnes en difficultés, les accompagner dans leurs démarches, initier les plus âgés et les plus éloignés du numérique a l’informatique. Et pleins d’autres choses encore…

Je trouve ça difficile de devoir faire un choix, quand des centaines de métiers sont intéressants.

Ma seule certitude est de vouloir un métier dans lequel je pourrai évoluer vers d’autres métiers encore.

Que penses-tu du monde de la santé mentale?

Je pense que c’est compliqué, tant pour les patients eux-mêmes que pour les soignants, qui pour certains ont une réelle volonté d’aider, d’accompagner. Mais il y a beaucoup trop de choses qui ne vont pas dans les prises en charges telles qu’elles sont faites actuellement.

J’ai été régulièrement hospitalisé en psychiatrie de mes 11 ans à mes 18 ans. Ces hospitalisations avaient plus d’effets néfastes que bénéfiques.

Très jeune, on a commencé à me gaver de médicaments de toutes sortes. A 14 ans, sous anxiolytiques, je dormais 23h par jour.

Ce n’est pas normal de bousiller des jeunes comme ça. J’ai eu droit a des traitements de cheval jusqu’à mes 22 ans, et je n’allais pas bien, j’étais totalement instable.

Puis, j’ai rencontré un nouveau psychiatre et ma vie a changé du jour au lendemain.

Fini la tonne de médicament,s fini les menaces d’hospitalisation parce que je n’en pouvais plus d’avaler 15 pilules par jour.

Elle m’a écouté, entendue. deux médicaments différents par jour. Traitement que l’on a défini ensemble, en fonction de tout ce que j’avais déjà eu et des effets secondaires que j’avais pu avoir. Fini la menace, rien d’imposé, que des propositions d’hospitalisations dans les périodes les plus difficiles.

En l’espace d’un an, et grâce a elle, j’ai réussi à me stabiliser, et je le suis toujours.

Pourtant, elle n’a rien fait de plus que ce qu’un psychiatre devrait faire : elle m’a simplement écouté, m’a considéré comme un égal, comme une personne équilibrée et capable de prendre des décisions conscientes, installé une relation de confiance qu’elle n’a jamais brisé et ma permis de travailler sur moi-même.

Je souhaite à tout le monde de rencontrer un psychiatre comme cela, parce que pour moi ça a vraiment tout fait.

 

Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie?

Tellement de choses ! Et pour moi, il est nécessaire d’en tirer du positif, ce n’est qu’une façon parmi d’autres de reprendre le contrôle dessus, de ne plus la subir de façon totalement passive mais au contraire d’en faire une force.

Les qualités humaines surtout. L’empathie, accepter l’autre comme il est. Ne pas juger, ne pas s’arrêter à des a priori.

Un respect sans nuances ou limites. Un sens de la justice également.

Il y aurait tant de choses a ajouter.

 

Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais?

Pourquoi pas, même si c’est une grande responsabilité.

Le modèle italien est inspirant.

Il faudrait commencer par changer en profondeur la système psychiatrique en France. Stopper les hospitalisations a outrances, qui ne sont pas toujours utiles, bien au contraire, et qui ne devraient être faites qu’en cas de crises majeures, sans autres solutions immédiates. Et, lorsqu’elles ont lieux, ne pas laisser les patients tourner en rond toute la journée.

L’activité est importante, que ce soit physique, manuel, intellectuelle. Rester inactif ne permet pas d’aller mieux, et c’est aberrant que ça se passe comme cela en HP. Des structures à taille humaine seraient également plus bénéfiques.

Privilégier les accompagnements dans la vie quotidienne, remettre le patient au cœur de la prise en charge, l’amener a reprendre le contrôle de sa vie quand cela est possible.

Faire en sorte que la prescription de tous les médicaments utilisés en psychiatrie ne puisse être faite que par un psychiatre, et que cela soit également possible qu’avec un suivi psychologique à côté. Que ces médicaments soient prescrits de la façon la plus modérée possible.

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