Portrait de Mamzelle Léa
Comme Mamzelle Léa, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.
Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires ?
J’aspire à dire. Faire entendre la voix de ceux qui n’entrent pas dans les cases car il leur en manque une.
Je suis mère de famille, relaxologue, professeur de yoga, poétesse et pourtant je fais partie des Fragiles. De ceux qui n’ont jamais su être ce qu’on attend d’eux.
Je l’ai vécu longtemps comme une honte, une difformité. Aujourd’hui je sais que c’est fragilité fait partie de ce que je suis.
Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes ?
J’aime mon métier de relaxologue qui me permet d’accompagner l’autre dans la recherche de sa sérénité physique et mentale.
Ce métier m’a permis d’avoir les outils pour être moi-même plus autonome dans ma vie et j’aime transmettre cela aux autres.
Mon activité de poète, elle, c’est ma part de résistance qui s’exprime. Il me donne le droit d’être et d’exister dans toutes les parts de ce que je suis.
Que penses-tu du monde de la santé mentale ?
Je n’ai qu’un poème pour exprimer cela :
Les fous, les fadas, les fêlées.
Les bouloches sur la norme.
Les résistants d’un monde aseptisé.
Les monstres, les difformes.
La psychiatrie nous éteint
Nous réprime, nous fait taire.
La poésie nous étreint
Nous sublime, nous enserre.
La médecine attend notre évolution
La poésie entend notre révolution.
Nos multiformes n’entrent pas dans les uniformes.
Nos masques,
Fantoches et délicieux.
Nos corps,
Fantômes et séditieux.
Nos hystéries mystérieuses,
Nos cris, nos silences,
Nos mesures désaccordées.
Nos proses arythmiques,
Nos désirs boulimiques.
Les mauvaises herbes,
Dans les fissures du bitume.
Celles qui germent,
Gênent,
Celles qui importunent.
Nous sommes la part d’ombre,
Et la lumière à la fois,
D’un monde qui tombe,
Dans le délire et la névrose.
Nous sommes les épines des roses,
Et les brumes moroses,
D’une société asservie,
Que si souvient en nous voyant,
De sa propre folie.
Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie ?
Sans nulle doute une forme de liberté. Qu’on ne peut acquérir qu’en acceptant ce qu’on est.
Les épisodes de dépression font partie de ma vie… ils ont le mérite de m’obliger à transcender, à faire des choix de vie parfois originaux mais qui me correspondent.
Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais ?
Ouiiiii ! Préparez les bulletins de vote !
Il y a tellement de boulot sur le sujet. De la même manière qu’on crée des maisons de naissance à proximité des hôpitaux, on devrait être capables de gérer avec bienveillance, de façon médicale ou non, les questions de santé mentale. Mais c’est toute la société qu’il faudrait chambouler pour ca : la santé, les disparités sociales, les problématiques de territoires abandonnés.
Une publication que tu aimerais faire connaître ?
Je sors un recueil « Et les fêlures dorées » le 19 janvier 2023 et j’ai vraiment envie de mettre le sujet de la santé mentale sur la table et d’ouvrir le champ des possibles à l’Art comme moyen d’expression de la folie.
https://www.instagram.com/lea.cerveau/