Portrait de Frida Kagnôm
Comme Frida Kagnôm, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.
L’angoisse me paralyse.
La psychose me fait partir en vrille.
L’amour me fait flipper mais dieu sait que j’en ai besoin.
La colère me fait partir des fois trop loin.
Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires?
En errance entre deux villes, Lyon et Paris, je suis mon chemin de vie sans vraiment savoir où il va me mener dans le futur… J’essaye de me frayer une place dans le monde universitaire, qui a toujours été un refuge face aux violences du monde réel mais que je trouve de plus en plus violent… Qui vivra verra si j’arriverai à y exprimer mon point de vue sinon ce sera ailleurs…
Je suis gay, bien évidemment, plutôt discret et timide et j’ai évolué, un peu par déambulation dans différents milieux : le monde gay et lesbien tout en y restant assez en périphérie et sans forcément être un militant de la première heure, même si j’ai passé les meilleurs nuits de ma jeunesse à observer un show drag queen lyonnais… Puis j’ai découvert le milieu squat de Lyon un peu par hasard, car une de mes amies y a fait son chemin de vie. J’ai rencontré pas mal de personnes sensibles aux rapports de domination (féminisme, anti-racisme, anti-classisme, hétérosexisme) en essayant de comprendre à chaque fois le point de vue des un.e.s et des autres.
Je me suis beaucoup camé à partir de mes 23 ans, lorsque je devais contenir la vie. L’homme gai et joyeux que j’étais est devenu alors de plus en plus malade dépressif, jusqu’au jours où j’ai fait LA rencontre qui a changé ma vie… A peine quelques mots, au moment où je ne savais plus quoi faire de ma vie, totalement perdu, j’ai reçu les seuls mots d’amour qui m’ont fait perdre la tête.
Comment se dire que c’est l’être aimé qui vous a fait basculé dans la folie ? Le monde s’est alors distendu, tout devenait suspect et le « je t’aime » que je venais de recevoir s’est transformé en « je veux te tuer ».
L’esprit humain est plein de mystères… Ma première décompensation, en 2012, qui a changé ma vie à tout jamais. Et les jours qui suivent. Et la présence de l’être aimé, toujours, chaque jour que fut l’enfermement, et le délire qui peu à peu s’est éteint… Une vraie preuve d’amour, lorsque tout fout le camp, la seule…
Puis ma vie a commencé à être un enfer le jour où l’être aimé a décidé de me laisser tomber, de ne plus tenir la main d’un être lobotomisé par les médicaments psychiatriques. Est venu la rage, puis le désespoir et enfin la chute dans la came…. Ce qui n’a pas arrangé les choses… Puis j’ai été assaisonné à différents cocktails médicamenteux, perdant peu à peu les ami-e-s qui prenaient peur, gardant les meilleures… Et la vie continua.
Aujourd’hui, je suis toujours là, j’ai survécu à 6 hospitalisations, je me tiens la tête haute et je compte bien en découdre avec le système psychiatrique et plus globalement ce que le philosophe Paul Préciado a nommé « le capitalisme pharmaco-pornographique ». Ré-injecter de l’ordre dans le désordre de la machine du désir, de l’amour et de l’amitié aux temps pharmacotropiques où nos états mentaux sont sous contrôle.
Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes?
Doctorant en sociologie au laboratoire Cermes 3, j’ai avant tout l’envie de comprendre en profondeur ce qui se cache derrière les histoires des un-e-s, des autres… parfois un peu trop. Et questionner le monde de la toxicomanie, des homosexualités et du monde médical… Je ne sais pas encore si je vais arriver à finir cette première recherche mais interroger le monde médical et psychiatrique est un leitmotiv.
Et si je ne deviendrai pas scientifique, je serai écrivain ou travailleur social, mais je n’ai pas envie de répéter l’histoire familiale…