[SISM 2017] Réflexions d’une consultante sur le handicap psychique et la santé mentale au travail (2/4)
A l’occasion des Semaines d’information sur la Santé Mentale du 13 au 26 mars 2017, Philippa vous propose un feuilleton « santé mentale et emploi » en 4 épisodes!
INTRODUCTION
Vous devinez peut être qu’avec un job un pareil, on ne s’ennuie pas. La grande aventure commence dès que j’essaye d’expliquer mon métier à quelqu’un. Je vois le visage de mon interlocuteur se déformer et prendre un air inquiet. La phrase qui suit est presque toujours la même : « ah la la la ça ne doit pas être facile » ou bien « le handicap psychique ? Mais ils ne peuvent pas travailler ces gens-là ? »
Nombreuses sont les idées reçues, elles sont aisément formulées, comme s’il était normal d’en avoir. Faire de la formation sur le handicap psychique, c’est d’abord et avant tout travailler sur les préjugés pour faire évoluer les mentalités.
En dehors des experts et des personnes concernées, rares sont ceux qui savent de quoi il s’agit. Même pour les milieux spécialisés, les contours du handicap psychique sont parfois difficiles à tracer. Alors qu’il s’agit d’une thématique complexe et passionnante qui est aussi un véritable enjeu de société.
C’est pourquoi à l’occasion de ces SISM sur la santé mentale et le travail, je vous propose de partager avec vous, quelques-unes de mes réflexions.
ÉPISODE 1 : LA LOI DE 2005 A FAIT DE LA SANTÉ MENTALE UN SUJET DE SOCIÉTÉ…
épisode 2 : L’émergence de bonnes pratiques en faveur de l’insertion.
Depuis quelques années, les méthodes d’accompagnement vers la réinsertion professionnelle de personnes qui souffrent de troubles psychiatriques se sont développées en France.
En 2016, l’Emploi accompagné a été intégré dans la loi travail. Des associations comme Clubhouse France, Working First à Marseille, Messidor à Lyon, Isatis à Nice, accompagnent des personnes fragilisées vers la réinsertion en milieu ordinaire. Le centre de l’empowerment initié à Paris par Tim Greacen, le centre de formation au rétablissement qui va naître à Marseille, les travaux sur le rétablissement du professeur Pachoud, renforcent ces initiatives sur le plan théorique.
Le statut des personnes qui souffrent de troubles psychiatriques évolue progressivement. Pour elles aussi la réinsertion est possible. Maintenant on le sait, c’est même un facteur de rétablissement.
Encore faut-il se poser les bonnes questions, parvenir à se réapproprier ses compétences et retrouver confiance après des années de souffrances. Pour cela il faut définir le bon rythme et le bon cadre de travail, connaître sa fragilité, être suivi sur le long terme et pouvoir dialoguer avec l’employeur, parfois grâce à l’intermédiaire d’un tiers. Les conditions de la réussite sont de mieux en mieux connues.
Pourtant trop rares sont encore les personnes qui en bénéficient. Et si le problème se situait encore beaucoup du côté des entreprises et de la société dans son ensemble ?
LA BIO DE L’AUTEURE
Philippa Motte est engagée au sein de l’association Clubhouse France depuis sa création.
Après avoir travaillé 10 ans dans la communication associative sur des sujets liés au handicap et à la santé mentale, elle est aujourd’hui consultante sur les enjeux de la santé mentale et du handicap psychique au travail.
Elle forme les entreprises et les pouvoirs publics sur les enjeux de la fragilité psychique au travail, afin de leur donner des clefs pour faciliter l’insertion et le maintien dans l’emploi des personnes concernées. Elle est co-auteur du guide Troubles psychiques et emploi : guide pour les managers, aux Éditions de l’AGIRC ARRCO paru en janvier 2017.