Close

14 juillet 2023

Sorcières contre la psychiatrie [Vaillandet Lylaeve]

Il y a une légende qui court dans les bureaux de la psychiatrie :

c’est que le patient ne sait et ne doit rien savoir ;

le savoir psychiatrique serait seulement accessible à cette élite sensée que sont les professionnels de santé, les psychiatres particulièrement, et ce savoir, selon ces psychiatres, serait même nocifs pour les psychiatrisés ;

« Nous savons mieux que vous. »

J’ai grandi en pédopsychiatrie et en psychiatrie, je me suis prise de passion, enfant que j’étais, pour cette autorité qui semblait tout savoir et pouvait se permettre tant de choses dans le sens de mon « mieux-être ».

Je me suis éduquée par les écrits qu’ils tentaient de m’interdire de lire ;

je me suis formée en observant les rouages du système psychiatrique, dans tous ces recoins.

Je me suis diagnostiquée seule après presque dix ans gâchés dans la psychiatrie, les psychiatres ne m’ont servi qu’à confirmer le mot qu’ils auraient dû poser avant de me faire subir leur torture « thérapeutique ».

Dix ans de psychiatrie et quelques temps à la fuir m’ont éduquée, mais les fols sont les victimes d’une légende oppressive qui dit que nous ne devons surtout rien savoir.

Il y a des moments où j’ai dû cacher des choses aux soignants pour mon propre bien, il y a des moments où j’ai dû guider le raisonnement de psychiatres sans leur dire qu’ils étaient un peu lents dans leur analyse des choses ; j’ai fait l’ingénue trop de fois.

Parfois, je me sens comme une sorcière ; j’ai au-dessus de ma tête un système qui veut proscrire mon savoir, celui que j’utilise aujourd’hui pour mon bien et le bien d’autrui ; je revendique mon propre pouvoir et mon indépendance dans la recherche de mon bien-être.

J’apprends chaque jour de nouvelles thérapies inclusives, là où la psychiatrie semble vouloir suffire au monde, rester elle-même et continuer dans ses méthodes abusives et oppressives.

Il y a beaucoup de gens comme moi, des fols pleins de savoir contraints de fuir.

Et, dans la lutte pour mes sœurs et mes frères qui sont encore enfermés, je me surprends à nous appeler Sorcières.

Vaillandet Lylaeve

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *