Stop Loi Psychophobie Globale
Dans une étude du Lancet réalisée pour l’OMS nous rappelle que 24% des personnes souffrant de troubles psychiques ont été victimes de violence dans l’année précédente. Qui ne se rappelle pas de ces faits divers sordides de maltraitance de personnes handicapé, de séquestration et d’abus sur elles. Que dire de la maltraitance institutionnelle de l’hôpital psychiatrique ? Comment ne pas voir dans ces personnes des cibles de la violence des rues que le gouvernement et les médias nous déclarent régulièrement croissante.
Et pourtant, là est la surprise, les pouvoirs publics ne veulent pas créer ce qui est fait en termes de prévention, d’écoute et d’assistance pour les femmes victimes de violence, ou les enfants. Il existe même des lignes d’écoute pour les auteurs de crimes sexuels. Mais non, nos pauvres fous resteront la cible de toutes les violences de rue. Les malades ne seront pas aidés pour s’en prémunir. Non, nous dit par les actes le gouvernement.
Nous, les fous, nous serons fichés au nom de la sécurité intérieure. Traités uniquement sur le volet de la violence perpétrée parfois, jamais sur le plan des violences subies, les personnes concernées par des troubles psychiques restent une menace à juguler pour un pouvoir psychophobe. Une menace sur les bons travailleurs qu’il faut protéger de trublions qui, rappellent par leur existence même de déviants, de personnes transformées par les traumatismes, de résistants biologiques à la violence de ce monde que la société semble tout de même aller mal.
Alors, je me pose une question. Les survivants du 13 novembre, pour certains suivis en psychiatrie, sont-ils eux aussi fichés ? Ne se trompe-t-on pas là de cible pour cette loi sécurité globale ? La psychiatrie à approche globale et le DSM ont-ils tellement tout psychiatrisé que victimes et bourreaux se retrouvent fichés ?
Les survivants (de la violence) de la psychiatrie que nous sommes, doivent-ils réellement se retrouver encore une fois stigmatisés, ciblés par un pouvoir qui veut les mettre sous le tapis et les criminaliser ?
A quand des questionnements sérieux sur la santé mentale plutôt que des relégations au ban de la société comme c’est le cas depuis toujours. Ces malades réintégrés dans la cité y ont-ils finalement une place ou se contente-t-on de limiter les dégâts sociaux qu’ils pourraient générer ?
Non, ce n’est pas surveiller les psychotiques qui vous sauvera d’eux, c’est bien dépasser votre psychophobie. C’est aussi leur porter secours. Les liens entre violence subie et perpétrée doivent être sérieusement étudiés et la société se doit d’y répondre pour ne pas réserver aux fous une relégation digne des détenus et ex-détenus.
Criminaliser la folie, c’est comme avec toute violence, la mettre au ban sans la comprendre, juste en l’excluant de la société pour l’étouffer. Déjà dans le domaine criminel cette stratégie punitive ne paye pas et on commence à s’en rendre compte. Mais dans le cas d’une résistance structurelle de la personne face à la violence du monde qui l’entoure, la folie, comment nos sociétés entendent-elle faire face à cette déviance biologique dont nous ne sommes pas coupables et qui, est peut-être même déjà le fruit d’une violence sociale endémique ?
Ce sont les raisons pour lesquelles Comme des fous rejoint aujourd’hui le collectif Stop Loi Sécurité Globale ! Pour une cohérence sur la question de la violence et des troubles psychiques ! Nous, les fous, sommes la conséquence de violences ! Nous, les fous, sommes des cibles potentielles de violence ! Nous, les fous, faisons face à une psychophobie rampante ! Nous, les fous, refusons le même traitement inefficace que celui imposé aux criminels !
Agathe pour Comme des fous