Survivre à la psychiatrie #2
A-t-on le droit de rêver,
Ou va-t-on crever ?
Tout se brise face à la réalité
De notre impuissance face à leur toute-puissance
On va habiter là,
On voudrait déserter
Il faudrait coopérer avec les soignants,
Mais ne risque-t-on pas de craquer ?
Criser et finir par crier ?
On voudrait fuir, se cacher,
A défaut ce sont les cachets,
qu’en cachette on recrache.
On en est réduit à se cogner la tête contre les murs,
A défaut de danser, ce sont les verres qu’on envoie valser.
Alors nous voilà enfermés,
Mais on continue d’espérer et de respirer,
Même si on doit déféquer dans un sceau.
Porter un pyjama trop grand, bouffant
On se retrouve tels des clowns,
Trompés, dupés
Sans émotions, ni sentiments
Cloués au lit, sans force, sans énergie
Bouches ouvertes, bavants
Le regard vide, absents
Ne plus pouvoir écrire, tremblants
Ne plus pouvoir parler, bégayants
Transpirer, suer, pisser la nuit dans son lit
Voir les autres patients attachés, bouclés,
Enfermés à clef pour les calmer
Sans défense
et dans l’indifférence
C’est là que la bienveillance,
se mue en violence
Injections, injonctions,
Forcés, blessés
Panser sa mélancolie au fond du lit
Et sa schizophrénie dans le déni,
Lire, pour faire passer les délires,
Ne pas faire de bruit
Même dans le brouhaha des hallucinations,
Ne pas se croire humaine et dormir au sol,
Couchée telle une chienne.
Décharnée et squelettique parce qu’anorexique
Désarmés, nous reste-t-il des larmes ?
Survivre à la psychiatrie,
C’est la traverser sans être renversés
C’est y passer sans trépasser.