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27 avril 2017

Détecter la maladie mentale

Vous avez quelqu’un en tête, vous vous inquiétez pour un proche, un collègue ou un client qui présente un comportement anormal et souhaitez réagir avant qu’il ne soit trop tard ?

Vous n’êtes pas psy dans l’âme mais vous aimeriez aider cette personne voire l’amener à consulter un professionnel sans qu’elle ne se sente prise pour folle ?

Vous pouvez lui faire part de votre ressenti personnel et de votre inquiétude pour qu’elle se sente comprise et non pas attaquée et jugée.

détecter la maladie mentale

Plutôt que de savoir si elle cache un trouble de la personnalité, un trouble addictif, un trouble de l’humeur, une dépression sévère ou passagère, vous aimeriez affronter cette situation problématique et trouver une solution, des mots, un conseil qui puissent apaiser rapidement cette souffrance et rouvrir les portes qui semblent se refermer entre entre elle et vous, entre elle et le monde.

On sait que plus on intervient tôt, plus on évite le recours à l’hospitalisation psychiatrique, mais comment agir? Comment savoir si une personne est en train de basculer dans la maladie mentale ?

Vous vous demandez peut-être comment détecter chez quelqu’un un trouble psychique qui, par définition, est invisible.

Le terme « détecter » peut heurter tout comme celui de « maladie mentale » car on peut y flairer toute la violence d’une société qui cherche à catégoriser les personnes vulnérables pour mieux les écarter et justifier leur incapacité à participer au jeu social, quitte ensuite à les stigmatiser parce qu’elle ne travaillent pas comme tout le monde et bénéficient d’allocations du fait de leur handicap. Il ne s’agit pas de nier la folie comme pathologie mais de considérer ce qu’implique le fait de traiter les gens comme des fous, jugés inaptes à la vie en société.

Supposons que vous ayez envie de savoir ce qui cloche chez l’autre, mettre un mot sur son trouble pour l’aider ou pour vous rassurer que ce n’est pas vous ou elle le problème dans l’histoire mais le fait d’une maladie mentale.

Une maladie pas forcément d’origine biologique mais qui, en tout cas, influe sur le rapport à l’autre, la motivation, les émotions, l’irritabilité, la fatigabilité, la concentration voire le rapport à la réalité. Bref, une maladie pas comme les autres. Mais un trouble pas comme les autres ne fait de vous quelqu’un de différent sauf si cette différence vous empêche de vivre comme tout le monde.

« Je ne choisis pas de tomber malade mais je peux choisir comment je me positionne face à la maladie. »

Quelle différence entre malade et pas malade ?

Si je ne me considère pas malade, se pose la question de la frontière entre le malade et le bien-portant. Soit parce qu’étant bien-portant, je souhaite aider le malade. Soit parce que je refuse de voir l’autre comme un malade, et je vois simplement une personne qui a des fragilités comme moi.

Si je me considère malade, je peux éventuellement accepter mes fragilités sans réduire mon identité à cette maladie qui, là, peut être perçue comme une maladie comme les autres.

« Je ne peux rien faire, il est dans le déni. »

Le déni, c’est quand vous êtes manifestement malade aux yeux des autres mais que vous refusez de l’accepter. Dans ces cas là, soit vous être rattrapé par la psychiatrie le jour où vous décompensez, soit vous surmontez l’épreuve en ayant recours ou pas à une aide médicale ou médicamenteuse et vous démontrez que vous n’étiez pas si malade que ça.

Encore une fois, il ne s’agit pas de dire que la maladie mentale n’existe pas mais de laisser les catégorisations au champ médical.

La question est de savoir quelle place on donne à la maladie mentale dans nos vies et dans notre société : est-ce qu’on fait comme si elle n’existait pas ? Est-ce qu’on fait avec ? Est-ce qu’on relègue socialement ceux qui en souffrent et on intègre uniquement ceux qui arrivent à s’adapter et pour qui la maladie n’est plus un problème central? Est-ce que c’est uniquement à la psychiatrie de s’occuper de ceux qui ne s’adaptent pas ou qui se refusent à elle ?

Si la psychiatrie est souvent mal vécue, c’est qu’elle condamne le psychiatrisé à un rôle de malade dans la société et au jugement des autres. La psychiatrie, si elle peut être un soutien, véhicule beaucoup de stigmatisation. Il faut la décloisonner, en faire une question sociale et éducative et pas qu’un recours médical en cas de crise, synonyme d’échec de la prévention.

Il ne s’agit pas de détecter pour prévenir des actes de folie dangereuse mais de contenir et de remédier la souffrance qui les engendre.

Il ne s’agit pas d’éduquer les gens à la pseudo-science des diagnostics psychiatriques mais de déconstruire des représentations sociales qui condamnent les personnes qui les subissent à l’exclusion sociale.

Il s’agit d’intégrer la folie comme un possible et non pas comme une fatalité.

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