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19 octobre 2016

Portrait de Michèle Dussaut Delorme

collectif schizophrenies

Comme Michèle Dussaut Delorme, fais-toi tirer le portrait par Comme des fous en répondant à ces 5 questions.

Découvrez le Collectif Schizophrénies.

Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires?

Je suis prof de français de formation. Maintenant j’accompagne des personnes souffrant de troubles schizophréniques parce que ma mère était très malade et que leur langage est en quelque sorte ma langue maternelle. Je suis vice-présidente de Schizo?…Oui! et du Collectif Schizophrénies qui regroupe un certain nombre d’associations luttant contre le sort indigne réservé aux personnes souffrant de ces troubles.

Mon maître, c’est Tosquelles. Il représente tout ce que j’aime dans la vie : une intelligence suprême, un humour décapant et une humanité débordante.

Je consacre beaucoup de temps à la lecture, au cinéma, au voyage et à la rencontre de l’Autre dont l’infinie diversité me fascine.

Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes?

Être au milieu des souffrants psychiques n’est pas un métier pour moi. C’est la vie tout simplement. Je les aime, ils me le rendent bien. Ils me donnent autant que je leur donne. C’est un échange humain, tout simplement, sans eux je ne serais pas ce que je suis actuellement.

En fait, parallèlement à mes activités militantes, j’ai créé un GEM il y a 10 ans. Il s’appelle d’ailleurs GEM Lucien Bonnafé. C’est un lieu de liberté dans lequel on rit beaucoup. Maintenant j’ai pris du recul, quelqu’un d’autre a pris ma place et je me contente d’aller les voir de temps en temps. Il ne faut pas s’accrocher pour l’éternité.

Que penses-tu du monde de la santé mentale?

Je pense qu’il y a encore un fossé très profond entre ceux qui souffrent de troubles psychiques et ceux qui gravitent autour. Inconsciemment, les soignants ont peur du chaos parce qu’il bouscule nos certitudes et nous entraîne dans un monde que nous ne maîtrisons pas. Alors, pour se préserver ils se réfugient dans un vocabulaire obscur et dans une distance soi-disant thérapeutique. Tout cela les rassure.

De nombreux étudiants dans le médico-social viennent faire des stages au GEM. Ils en repartent enchantés. Je pense qu’ils n’auront plus jamais cette vision des personnes porteuses de troubles psy. Nous n’avons jamais eu de futures psychiatres, ce qui est fort regrettable de mon point de vue.

Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie?

J’aime les fous et la folie parce qu’il nous entraînent dans un monde auquel nous n’aurions jamais eu accès. Personnellement, sans la folie de ma mère je n’aurais jamais accédé à la littérature et aux études littéraires avec la profondeur que j’ai connue.

La folie fait partie de notre humanité comme la couleur de notre peau ou notre orientation sexuelle. Il est bien évident que quelqu’un qui se met en danger doit être apaisé. Mais le traitement doit être adapté, mesuré, appliqué avec le consentement du concerné. De plus un traitement n’est rien sans l’étayage humain autour de la personne. Je suis bouleversée par le fait qu’un grand nombre de souffrants errent dans la rue ou en prison.

Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais?

Je n’ai aucunement l’envie de devenir ministre. Je ne suis d’ailleurs pas faite pour ça. Je pense profondément qu’un changement de mentalité ne peut venir que de personnes incarnant le désir de ce changement. Cela peut parfois coûter très cher mais après tout, les Bonnafé, Tosquelles, Oury et bien d’autres l’ont fait. Alors je me dis que leur mémoire vaut bien cela.

Une page, association ou initiative que tu aimerais faire connaître?

La page Facebook Collectif Schizophrénies ainsi que le site. Je vous invite je vous invite à liker la page et à la faire connaître à vos amis.

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