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26 mai 2021

Pourquoi Comme des fous aux législatives !

La mise au ban des personnes concernées par des troubles psychiques est ancienne. Rejetés sur des bateaux, puis derrière les murs de l’hôpital général, puis derrière ceux de l’asile. Parfois morts de faim dans ces lieux clos, humiliés, renvoyés dans les rangs de l’animalité jusqu’à peu, les fous restent une population hautement discriminée pour laquelle la lutte ne s’est que très peu organisée. 

Si les années 1970 ont permis le surgissement d’une forme de révolte aux Etats-Unis pendant la lutte pour les droits civiques, en Europe avec les mouvements liés à l’anti-psychiatrie, aujourd’hui la stigmatisation et le dénigrement des schizophrènes, bipolaires, dépressifs et autres troublés psychiquement reste importante et pose question sur notre modèle social d’intégration de la différence. 

Les folles et les fous restent une population mise à l’écart délibérément. Alors oui, notre combat rejoint celui des précaires, car la plupart d’entre nous vivent avec 902€ par mois du fait de notre handicap. Alors oui, notre combat rejoint celui des populations discriminées car nous ne pouvons que difficilement accéder à un emploi adapté ou même aux besoins de base tels que le logement. Alors oui, notre combat rejoint celui de ces populations du quart-monde rejetées dans les bas-fond d’une société qui met sous le tapis les différents et les différences. 

La lutte pour les droits des personnes handicapées psychiques suppose de mettre en question notre modèle de société qui procède plus par élimination de ceux qui dévient volontairement ou non d’un idéal-type de citoyen masculin blanc et pas trop vieux si possible. Elle impose de réfléchir à notre modèle de désintégration sociale qui se définit en rejetant. Notre système à noyau tend à supprimer tout ce qui ne convient pas au modèle. Pourtant la vie réside bien dans cette capacité créatrice de différence des organismes. Faire commun c’est aussi faire avec les ressources existantes, c’est conformer la société aux personnes qui la composent et non, conformer les personnes à un système tyrannisant psychiquement. 

Et si, le fou le devient, c’est aussi peut-être parce que cette tyrannie de la normalité vient se heurter biologiquement à des êtres trop difficilement modelables. Les personnes vivant des expériences de folie sont des révélateurs de ce malaise social par lequel les psychismes sont oppressés et conduits à dérailler. 

Que faire ? Vivre en marge de la société ? Se contenter d’être relégué aux minimas sociaux pour une faute pas commise, juste un trouble réactionnel à ce monde ? Excès de fragilité qui s’exprime également dans le peu de mobilisation dont font preuve les fous pour défendre leurs droits. Excès de bienveillance envers un univers psychiatrique qui a tant écrasé que le sujet devient objet d’un pouvoir médical qui labellise des rétablis et de déviants avec comme principal moteur la compliance aux traitements de toutes sortes. Excès de calme face à la violence de l’institution qui divise ses ouailles pour mieux contenir cette révolte sociale larvée des troublés psychiquement.  

Si aujourd’hui, l’hôpital public n’est que accessoirement un lieu de soin, s’il a depuis longtemps dérivé vers du contrôle social, si cette tendance se renforce, nous devons réagir pour limiter cette violence. Que le travail des pairs aidants ne se résume pas à limiter les dégâts pour ceux qui y sont. Que le travail des pairs soit de mobiliser pour une défense réelle des droits humains. Que notre pression politique fasse voir, non pas qu’un rétablissement est possible et que nous pouvons être de bons citoyens, mais bien que nous sommes trop souvent maltraités, déconsidérés par un pouvoir qui nous maintient dans la pauvreté et l’isolement. 

Aujourd’hui, je me présente aux élections législatives, colistière de Farid Ghehioueche, sur la liste FLUO, fédération libertaire unitaire ouverte, où tous les sans voix au chapitre doivent participer pour donner écho à ces sans horizons. Si aujourd’hui je me mobilise c’est pour faire avancer les droits des personnes troublés psychiquement, pour faire changer la vision qu’a le pouvoir politique et la société de la folie et de ses conséquences. Le trouble est un mal en soi, mais le traitement social et politique de la folie est le choix de décideurs qui n’ont pour l’heure que fait peu de cas de nous. Peut-être parce que nous ne savons pas nous mobiliser, peut-être parce que nous ne nous défendons pas comme il le faudrait. Mais comment parler d’inclusion en laissant sur le bas-côté ces millions de personnes qui, sans contrevenir une seconde à des ordres établis, sont tombées dans l’exclusion et la précarité !  

One Comment on “Pourquoi Comme des fous aux législatives !

Bouti
31 mai 2021 chez 14 h 06 min

Bravo Monsieur et Madame, je souhaite de tout cœur que vous soyez entendus, pour porter nos voix, affaire à suivre !

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