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16 juillet 2017

La bibliothèque des livres vivants

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Comme chaque dimanche, retrouvez un texte de Françoise Etienne.

Si j’ose me présenter à vous aujourd’hui et vous parler de ma schizophrénie, c’est parce que j’ai envie que votre regard sur la maladie change et évolue.

J’ai 36 ans, je souffre de troubles bipolaires et d’une schizophrénie. Je suis une personne à part entière et cette maladie, j’ai appris à l’apprivoiser. Je sais, mieux qu’hier, comment la dompter. Et si seulement, vous aussi, vous en aviez moins peur, ça me comblerait de bonheur !

Le regard de l’autre est une épreuve pour beaucoup de malades « psy ». Moi, j’ai fait de ma maladie, une fierté.

Elle a fait de moi ce que je suis et je suis plutôt satisfaite de ma vie. Je m’accepte et me respecte, je revendique même ma pathologie !

Pourquoi ? Pour toutes les raisons que je suis prête à vous exposer si vous souhaitez que je me « livre » à vous aujourd’hui…

Mon parcours de vie

Ma petite enfance : une période dont je ne me souviens que très peu. A 5 ans, je perds mon Papa.

Les raisons de sa mort, je ne les connaîtrai que bien plus tard, à l’aube de mes 18 ans. Il se serait suicidé !

Une bombe à retardement a été amorcée !

Très vite, je perds pieds. Mais je dois rapidement me relever.

Je fais de brillantes études. Hypokhâgne. Un BTS Tourisme.

Un Premier grand Amour. Une séparation compliquée. Mon ami alcoolisé se tue en voiture.

Je pars ensuite au Pays de Galles, pour 1 an. Je suis serveuse dans un restaurant.

J’étudie l’anglais en parallèle et j’obtiens 2 diplômes (le Pitmans & le Cambridge First Certificate).

Je rentre en France. J’atterris en Haute-Savoie (74). Je suis réceptionniste dans un hôtel. J’y rencontre mon mari, le père de mon unique enfant.

Nous souhaitons très vite devenir parents. La réaction inattendue de ma mère à l’annonce de ma grossesse. La tristesse d’une future Maman, puis la mélancolie.

L’accouchement, le bonheur immensurable de donner la Vie à cet enfant ! Les problèmes de sommeil (la clé de voûte). « J’avais trop peur de fermer les yeux, trop peur d’y croire un peu ».

La chute, l’hospitalisation. La médication. Les impatiences non corrigées. Les tentatives de suicides répétées. Une nouvelle hospitalisation (beaucoup moins douce). La sortie, les nouvelles TS…

La lumière, le bout du tunnel, je ne les vois plus.

Nous déménageons pour Luçon. Mes parents s’occupent de notre fille. J’arrête les médicaments. Je rechute. 3 semaines en psychiatrie.

Et l’annonce de la schizophrénie !

Ma résilience

Or, malgré la souffrance, les épreuves & la maladie, je n’échangerais pour rien au monde ma vie contre celle de quelqu’un d’autre !

J’aime tout ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Même mes erreurs, même mes folies !

Beaucoup de douleur mais j’ai beaucoup appris.

J’ai beaucoup de ressources. Je suis très réceptive. Je perçois la vie différemment aujourd’hui.

J’aime à croire que nous, « les malades mentaux » avons su développer d’autres qualités ; qu’elles sont appréciables et qu’elles pourraient être appréciées.

Depuis 1 an ½ , je suis présidente d’une Association, « Schiz’osent écrire ! » et avec des mots, nous apprenons à définir nos maux. Nous essayons, malgré la pathologie, de transcrire nos émotions, nos ressentis…

Et qui sait, peut-être qu’un jour, la mentalité de certains « saints d’esprits » évoluera et qu’ils oseront à leur tour, faire un petit détour et s’intéresser à notre parcours !

Françoise ETIENNE, le 10 avril 2017

 

 

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