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9 avril 2016

Vers une folie inclusive

Et si on cessait d’envisager l’inclusion sociale par les dispositifs institutionnels pour s’engager sur une voie nouvelle que je nommerai la folie inclusive !

Au lieu de demander à la société d’inclure pourquoi ne pas imaginer la folie comme une puissance incluante ?

motif folie by joan C

« Folie » par Joan

Alors oui, parlons de folie, et laissons le terme de santé mentale aux forces publiques. Partons juste de nos fragilités singulières pour essayer de bâtir un projet commun. Cessons un instant de penser comme tout le monde et pensons en dehors de la norme. Cessons un instant de croire que le sens du rétablissement soit d’arriver à mener une vie normale, de pouvoir avoir un logement, un travail et une famille. Dans la limite où la société exclut plus qu’elle n’inclut, l’inclusion sociale est un mythe. L’ordre social ne fait pas bon ménage avec les désordres émotionnels ou mentaux, les personnes les plus concernées étant les plus isolées.

La folie inclusive, c’est éduquer au vivre ensemble, c’est pouvoir se référer au groupe ou à un tiers pour aborder ses difficultés ou celle du collectif, c’est apprendre à s’exprimer et à s’investir dans les différentes sphères sociales, de la famille à la collectivité. C’est une culture du non-jugement, où plutôt que de laisser chacun à sa place, on cultive l’être ensemble et si quelqu’un craque ou flanche, on sait comment le soutenir.

On peut prévenir la maladie mentale en améliorant le cadre de vie.

Il s’agit aussi de déconstruire certaines barrières mentales. Ne pas réduire la folie au champ de la maladie mentale, c’est laisser une place aux expériences douloureuses, à l’expression de la souffrance, à la déraison ou à une forte émotion passagères. La folie ce n’est pas non plus la mort, pour certains ça peut être une étape initiatique, ça peut être l’envers de la souffrance, ne dit-on pas qu’on s’amuse comme des fous.

Le vocabulaire de la folie est omniprésent dans le langage courant et même si on risque de rendre la folie folklorique, il ne s’agit pas de nier les expériences « psychotiques » qui nécessitent un suivi au long terme mais de les intégrer au spectre de la psyché humaine plutôt que d’en rester à la césure entre névrose et psychose, entre folie ordinaire et vraie folie.

Si la folie est dans la tête et dans le regard porté aux autres, ne fermons plus les yeux et cherchons ensemble la voie d’une authentique inclusion sociale.

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