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19 mai 2016

#73mars Compte-rendu de la commission Psy de Nuit Debout

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Commission : Psy, Soins et Accueil
Jeudi 12 Mai 2016, Place de la République, à Paris

Prochain rendez-vous le samedi 21 mai 2016 #82mars :
15h30 réunion de fonctionnement / 18h Assemblée Générale

L’assemblée générale s’ouvre avec un rappel de l’histoire et de la contextualisation de la commission psy, soins, accueil créée il y a un mois et demi contre la loi Touraine qui est dans une logique similaire à la loi El Khomri : destruction du travail, des espaces de soins notamment avec les GHT.

Il est rappelé que la commission tient désormais des permanences tous les jours sur la place sauf exception : météo non favorable et manque de permanenciers. Chacun peut venir s’engager à sa manière et participer à tenir les permanences en binôme. Ces permanences sont des espaces de parole : témoignages de soignant-e-s, de soigné-e-s et de familles : durant la semaine nombreux sont ceux qui viennent nous exposer leur désir de résistance pour une psychiatrie avec une dimension d’accueil.

Afin de poursuivre nos réflexions, nous avons résumé les sujets abordés lors de l’assemblée précédente (3 Mai 2016)

Puis les témoignages se succèdent avec la singularité d’expression de chacun.

Cette assemblée générale a lieu un jour de manifestation contre l’utilisation de l’article 49-3 et du passage de la Loi El Khomri dite Loi travail. Pendant que nous nous réunissons Place de la République, la grande partie de Nuit Debout est en train de faire un sitting devant l’Assemblée Nationale.

C’est donc dans ce contexte que le thème de la psychiatrie et de la justice ouvre le débat.

Un témoignage d’une fonctionnaire insiste sur l’instrumentalisation de la psychiatrie et nous invite à réfléchir sur la manière dont cette spécialité médicale est utilisée par la justice et la police. Le DSM, en lien avec les laboratoires pharmaceutiques, vient soutenir cette démarche de judiciarisation de la psychiatrie.

Du fait de l’instrumentalisation du métier de psychiatre, il est proposé de reprendre le pouvoir et d’accéder aux prises de décisions.

Les agents de police sont eux même exposés à beaucoup de pressions et de souffrance au travail. Il y a un virage où les droits des salariés sont de moins en moins respectés notamment le droit de la dignité au travail. Le travail fait souffrir.

Dans la Loi El Khomri, le rôle du médecin du travail est tout à fait modifié. Alors que celui-ci doit faire le lien entre les conditions de travail et les pathologies des salariés, dans cette loi il n’intervient plus que pour l’embauche… Ce qui est un retour en arrière sans précédent.

Commission psy, soins, accueil et point écoute

Les violences policières pendant les manifestations sont extrêmement fortes. De nombreux manifestantst son en état de choc physique et psychologique avec une symptomatologie similaire au traumatisme. C’est dans ce cadre que l’infirmerie et street médic’ font une demande de créer un point écoute sur la place.

De cette demande ressort une décision de ne pas instituer un point écoute à partir de la commission psy, soins, accueil mais que celle-ci fasse passer le message d’un besoin de personnes à l’infirmerie.

L’interdiction du packing et la contention

Les échanges se poursuivent sur le soin en psychiatrie et la manière dont l’état intervient sur le soin notamment avec le packing. A partir du moment où l’Etat dit comment soigner et où il intervient dans l’enseignement cela est propice à des dérives très inquiétantes. Il y a en effet une intrusion de l’Etat de ce qui se passe entre le patient et l’équipe.

Le packing est une méthode d’enveloppement dans des draps humides, accompagnée par des soignants, méthode utilisée dans le soin des enfants autistes.

Ces derniers jours (le 21 Avril 2016) à l’occasion de son bilan d’étape sur le plan autisme 2013-2017, Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, annonce l’interdiction de la pratique du packing. Ainsi tout établissement qui ne pas satisfait à l’injonction de l’Etat dans le délai escompté risque la fermeture ou de se voir privé de financements. Or cette circulaire interdisant le packing apparaît alors qu’une étude de cette pratique n’a pas été encore publiée.

Nous sommes dans une situation paradoxale : ce temps d’enveloppement accompagné par une équipe soignante est interdit au nom de la maltraitance et parallèlement on augmente les contentions et les mises en chambres d’isolement.

Echanges et cris du cœur :

Intervient ensuite un témoignage sur la manière dont la psychiatrie fragmente le patient. Un appel est lancé pour une pratique plus humaine, plus sociale.

Un autre témoignage succède. Le thème est celui de la stigmatisation et du clivage. Etre un fou, être un étranger, le regard de l’autre, l’absence d’écoute, se sentir rejeter, la recherche de valeurs sont évoquées, criées.

Le thème de la psychiatrie ouvre sur diverses questions où la solitude et le besoin de reconnaissance de la parole recoupent des sujets comme celui des jeunes isolés dans les quartiers.

Les échanges se poursuivent avec un témoignage sur les médiations artistiques. Cette personne nous rapporte que dans le milieu du théâtre chacun joue avec sa folie alors que ce qui l’a marquée lors de sa formations en médiation c’est la manière dont les soignants « se tiennent bien ». Comme le besoin de tenir la limite entre soignant et soigné car la folie fait peur. Toutefois, toute personne travaillant en psychiatrie choisit ce métier car elle a elle-même sa part de folie. Cela s’est vérifié lors d’ateliers théâtre où soignants et soignés sont au même niveau, sans domination. Chacun sur la même scène.

Comme réponse è ce témoignage, la discussion apporte la difficulté de travailler en psychiatrie.

« Travailler en psychiatrie, c’est être au contact de l’archaïque, si on n’est pas dans l’élaboration, on se met à faire des choses inhumaines ». Les soignants ont besoin d’espace de paroles pour penser leurs pratiques, l’éthique ne suffit pas. La solitude en psychiatrie est terrible.

Pour ne pas conclure, l’assemblée générale se termine sur cette phrase : Il est nécessaire de repolitiser les espaces de soin !

source: psysoinsaccueil.canalblog.com/

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