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30 août 2017

« Et si je n’étais pas folle… »

Petites réflexions sur ma folie

La normalité et ma marginalité subie sont pour moi comme pour d’autres une source de questionnements, de réflexions et peut-être même d’angoisses sans fin. Pourtant quoi de mieux en cette première partie de 21ème siècle que d’être folle ?

Certainement, il y a les 5, 10 ou 15 ans de trous noirs que nous traversons tous avant de parvenir à une forme ou une autres de stabilité psychique, intellectuelle, sociale (d’autres diraient rétablissement). Certainement, il y a les épisodes où l’on n’a plus été soi-même et où on a crée des dommages parfois irréversibles. Certainement, nous vivons aujourd’hui dans une forme de précarité professionnelle. Seuls 19% d’entre nous travaillent et seulement 6% dans ce qu’ils appellent le milieu ordinaire… Certainement, les 81% de ceux qui ne travaillent pas vivent d’allocations et leurs revenus ne dépassent pas le seuil de pauvreté de 900€… Certainement, nous sommes hautement stigmatisés : 75% des gens dits « normaux » nous prennent pour des (personnes ?) dangereuses et violentes.

Mais pourtant, à titre personnel, je ne regrette pas d’être folle. C’est parce que je suis ou que j’ai été folle que j’ai commencé des activités créatrices. C’est pour me prouver que je ne vivais pas hors de la raison cartésienne, que j’étais aussi du bon côté du grand partage entre folie et raison, que j’ai commencé à développer des sites web seule, que j’ai écris un roman, et d’autres bribes romanesques ça et là, que j’ai repris des études à 30 ans pour finir par obtenir une licence, un master. C’est pour me sortir de l’ornière de la liberté qu’il faut apprendre à gérer, que j’ai rencontré de nombreuses belles personnes qui m’ont permis de grandir et de devenir moi-même, que j’ai appris à vivre réellement normalement, avec des relations sociales saines et une vie autonome, et que j’ai trouvé my way of life. Loin des canons de l’ultra-capitalisme, je me suis inventée une vie de sociabilités annexes que d’autres diront marginales, j’ai appris à prendre le temps de vivre, à prendre soin de moi et à rechercher non pas la performance ou la réussite sociale (qui nous sont interdites en ce monde), mais une forme de bonheur de vivre et de ne pas souffrir. J’ai le sentiment que malgré la précarité économique, ce temps disponible pour se découvrir, se connaitre, cette opportunité d’avoir le temps de devenir soi et pas un autre, constitue la véritable richesse de nous autres, les fous qui vont mieux voire bien.

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