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2 juillet 2017

L’enfermement en hôpital psy

cellule capitonnée

Merci à Alexia Laroche Joubert, productrice de Fort Boyard, et à France 2 d’avoir ouvert la boîte de Pandore.

« Pour avoir vécu l’enfermement, l’isolement et même la contention,
Je pense être en mesure de dire
Que ce n’est pas un sujet qu’il faut porter en dérision.

Je ne regarde pas souvent l’émission,
Mais, habitant Luçon (Vendée), pas très loin de Fort Boyard,
J’ai déjà fait une croisière au départ de la Rochelle.
Je n’ai pas vu Olivier MINNE,
Et encore moins le Père Fouras,
Mais je suis sûre d’une chose, aujourd’hui :

Il faudrait tout simplement éteindre votre écran
Au moment de l’épreuve de la cellule capitonnée !

Visionner cette monstruosité,
C’est cautionner l’idée
Que l’on peut se permettre de jouer
Avec un sujet si grave !

L’isolement c’est loin d’être hilarant
Alors, si vous riez de ces épreuves
Mises en scène par un jeu télévisé
Sachez que vous êtes outrageants !

Qu’un véritable enfermement
Vous inciterait peut être à réfléchir
À la bêtise de vos occupations !

Si France 2 est une chaîne télévisée
Qui prétend respecter l’humain dans sa globalité,

Elle se doit de retirer de ses programmes
Ce jeu qui vire au drame ! »

Si je devais m’exprimer sur le sujet, je dirais ceci :

Je n’ai commis aucun crime, je ne suis pas agoraphobe et pourtant…
J’ai vécu l’enfermement, et même l’isolement !

Cinq jours durant, j’ai vécu l’isolement.
La psychiatrie, l’enfermement !
C’était en mai 2007,
C’était vraiment pas la fête !

Une crise aigüe, un délire inattendu.
Je souffrais déjà de ma schizophrénie,
Mais je ne me soignais plus !

Un jour, alors que ma fille allait souffler sa première bougie,
J’ai dû être hospitalisée de force, en HDT.
Il n’y avait pas d’autre issue, mon mari avait signé !

La violence de l’épisode aux urgences restera en moi, gravée !
C’est à un brancard qu’on a dû m’attacher !
Ils devaient être sept ou huit infirmiers,
Je me suis débattue, j’ai même frappé !

Mes forces étaient décuplées, le bras de mon époux a même été marqué
Il tenait notre fille dans ses bras, et je ne voulais pas les lâcher !
Lorsque j’ai dû céder et me résigner, j’ai été transférée dans l’ambulance des urgences,
En route pour la Roche-sur-Yon, les sirènes du véhicule rythmant la cadence…

Et puis, je crois que l’on ne m’a rien expliqué,
Je me souviens juste que j’ai été détachée,
J’ai marché jusqu’à la porte d’entrée,
De cet hôpital tant redouté !

Je me revois, errante, n’ayant personne pour me rassurer.
J’attendais mon mari, il devait suivre l’ambulance…

Perdue dans ce lieu trop effrayant
J’ai encore dû avoir peur des « blouses blanches »
Et, à nouveau, j’ai frappé, je voulais mon enfant,
Je voulais mon mari, je voulais quitter ce lieu en urgence !

Ils furent encore nombreux pour me maîtriser et m’attacher
M’attacher au lit et m’injecter leur produit !

Cependant, j’ai enfin pu dormir,
J’ai dormi sans répit 3 jours durant…
Jusqu’à mon réveil, je ne savais pas que j’étais en isolement
J’ai dû faire encore 2 jours, mais là sans dormir !

Le jour du premier anniversaire de mon unique enfant,
J’étais entre ces 4 murs, à imaginer sa journée
J’aurais tant aimé être à ses côtés !

Et puis, il y a eu un face à face avec moi-même,
J’avais un peu repris mes esprits,
Mais je n’ai toujours pas compris,
Certains principes de l’isolement, quand même !

C’est lorsque j’ai eu besoin de me rendre aux WC,
Que j’ai vraiment été indignée !
Pas de sanitaires et personne pour m’ouvrir cette maudite porte blindée,
C’est dans une poubelle que j’ai dû me soulager !

Désolée pour cette scène peu poétique mais même en prose, c’aurait pas été glamour !
L’enfermement, l’isolement, c’est déjà pas fantastique,
Mais faire vivre ça à une jeune femme, c’est vraiment pathétique !

Alors oui, j’veux bien croire que, médicalement, l’enfermement s’explique
Ils ont probablement raison de choisir cette option lorsque c’est nécessaire,
Cependant, il faudrait mettre des mots, expliquer au patient,
Pourquoi et comment va se dérouler ce moment…

Car on n’oublie jamais vraiment,
Ça reste gravé, bien longtemps !

Françoise ETIENNE, le 21 avril 2017

Présidente de l’Association Schiz’osent écrire

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