Portrait de Matthieu de Vilmorin
Comme Matthieu de Vilmorin, fais-toi tirer le portrait par Comme des Fous en répondant à ces 5 questions.
Quelles sont tes inspirations dans la vie et à quoi tu aspires?
Mon aspiration première fut toujours de trouver le moyen d’atteindre le « bonheur » !
Mon petit monde enchanté s’était brusquement écroulé lorsque mon cher père est mort d’un cancer foudroyant alors qu’il n’avait pas encore 40 ans et que je n’en avais que 7 ! Depuis lors ma quête a commencé et ce n’est que maintenant à 56 ans, après être tombé malade (crises de délire polymorphe ou bouffées délirantes), après avoir eu du mal à travailler, après avoir connu la joie d’être père et de l’être toujours et mari pour la seconde fois après un divorce difficile, que j’arrive enfin à me sentir vraiment bien, ici, chez moi dans le village (petite ville) de mon enfance avec en perspective les livres à venir à écrire et que j’ai appris durement que le bonheur ne se vit que par instant mais que vivre, respirer, marcher, voir, parler, se nourrir, dormir bref tout ce qui fait notre quotidien est source de joie et que la meilleure façon, déjà dans un premier temps, de rendre grâce pour cette vie même est d’en goûter le moindre élément et ce pleinement. En cela j’ai atteint ce à quoi j’aspirai, maintenant il s’agit pour moi de transmettre cette expérience à ceux qui voudrons bien prêter oreille à mes propos …
Comment décrirais-tu ton métier et pourquoi tu l’aimes?
Bill Gates a dit : « Vous ferez dix métiers ou plus dans votre vie ! »
J’en suis au moins à une vingtaine ! Mais mon seul vrai métier c’est celui qu’a définit Gustave Flaubert quand il lui était demandé ce qu’il faisait pour vivre : « J’écris ! »
J’en ai eu le projet à 15 ans, j’ai acheté mon premier cahier à 19 pour en noircir les pages mais comme je n’avais rien à dire je suis allé étudier dans le grand livre du Monde à l’Université de la Vie ! Je suis parti au Brésil pour en faire le tour et à Rio de Janeiro, je me suis écroulé, nerveusement épuisé, après 10 mois de vagabondage et c’est là bas que j’ai rencontré la maladie psychique et depuis je prends consciencieusement mes médicaments ! Mais le nombre de ces fameux cahiers à considérablement augmenté. C’est ma matière première, maintenant il faut que j’en extrais la substantifique moelle comme disait Rabelais.
Que penses-tu du monde de la santé mentale?
Un monde dur et dont il faut connaitre certaines règles mais non exempt de joie et de bons fous rires ! Les « jours Sans » et les « jours Avec » ! Les silences dans la salle à manger mais aussi les clubs informels de patients qui se regroupent selon des lois mystérieuses, par affinité sans doute mais dont on peut en être exclu soudainement.
Mais surtout le monde de la santé mentale ne peut se vivre au mieux dirons nous, que si les proches, la familles, les amis, les soignants et les autres ne vous rejettent pas car la maladie vous isole à vous même déjà c’est très difficile en soi alors le secours, l’aide et la bienveillance de ceux qui vous entourent est primordiale !
Qu’est-ce qu’on peut tirer de positif de la folie?
La folie est très positive, si on sait comment la prendre !
L’encéphale et ses vastes territoires inexplorés est la dernière terre vierge de notre monde terrestre. Je pense que le niveau de conscience qui fut le mien durant mes crises m’a fait réaliser la beauté de l’univers entier, même si ce voyage m’a coûté cher après la crise, (une sorte de chute de l’ange), la montée de la crise et la crise elle même sont absolument jouissives si on veut bien l’admettre en ces termes.
Je ne conseille à personne de prendre ce chemin mais puisqu’il m’a été donné de le suivre je peux vous dire qu’il vous affecte en tout mais qu’également, puisque c’est votre lot autant en faire quelque chose de bien !
Pourrais-tu devenir un jour ministre de la santé mentale et sinon qu’est-ce que tu lui demanderais?
Le Ministre de la Santé Mentale s’il venait à exister devrait être choisi parmi ceux qui ont vécu l’expérience de la Folie !
Si j’avais à la rencontrer, je ne sais pas trop ce que je lui demanderai : que faites vous pour les malades atteints de troubles psychiques qui se retrouvent en prison ! que faites vous pour prévenir informer la population que les personnes atteintes de ces troubles ne sont pas des animaux de foire ou des dangereux criminels mais des personnes qui souffrent et qu’il faut aider ! qu’il faut se prémunir contre le trans humanisme et le biotechnique ! qu’il faut tenter de sauver la planète (écologie et croissance zéro) et surtout combattre Mamon !