Cycle Psychiatrie & Ville à Rouen
Dans le cadre du Doctorat Sauvage en Architecture (DSEA) mis en place par le groupe Echelle Inconnue à Rouen, un cycle de conférences sur le thème de la psychiatrie et la ville est organisé à l’initiative du Collectif À Ta Santé.
› les jeudis 7, 14, 21 et 28 janvier 2016.
À Ta Santé est un collectif de soutien aux psychiatrisés à des degrés divers. La psychologie et la psychiatrie sont l’exercice d’un pouvoir, particulièrement violent dans de nombreuses institutions psychiatriques, générant des normes et nommant des déviances à corriger ou à contenir. Il s’agit pour nous de comprendre les modalités locales de son exercice et d’accompagner quiconque le souhaite dans ses rapports de force avec l’institution. Cela passe par de l’information sur la langue et les pratiques psychiatriques et psychopathologiques (comment est fait un diagnostic selon les concepts utilisés par le psy ? Quel usage en est-il fait ? Etc.), mais également par des informations médicales ou encore juridiques. Dans l’absolu, le droit est loin d’être la solution, mais il offre parfois des possibilités que les patients ne connaissent pas toujours.
« Nous organisons ce cycle de conférence dans le but de multiplier les perspectives depuis lesquelles nous pouvons analyser le pouvoir psychiatrique et y envisager des alternatives. »
PROGRAMME DES 4 JEUDIS :
7 janvier :
– Le collectif À Ta Santé commencera par une présentation de ses problématiques et de ses sources d’inspiration.
– Florent Gabarron-Garcia, psychanalyste, membre de la revue Chimères, chercheur associé.Psychanalyse et révolution. « Contre le révisionnisme du psychanalysme contemporain, nous poursuivons ici notre investigation pour dégager les éléments d’une histoire populaire de la psychanalyse. Dans toute l’Europe d’après guerre plusieurs tentatives de reproblématisation de la folie et de mise en place de dispositifs pratiques nouveaux voient le jour. Ce fut d’abord le fait de psychiatres psychanalystes. Engagés dans la résistance, militants, voire marxistes, ils poursuivent dès la sortie de la guerre leurs combats et se donnent explicitement pour objectif de détruire les structures aliénantes de l’hôpital psychiatrique. Nous proposons ici de concentrer notre analyse sur le contexte psychiatrico-psychanalytique français des années 50 jusqu’à l’apport de Félix Guattari au début des années 60. »
14 janvier :
– Discussion entre Bruno de Coninck et Joris de Bischopp, moniteurs à la clinique de la Borde. Il sera question d’architectonie et d’ambiance en psychiatrie. La clinique de la Borde est une institution connue pour être le lieu d’élaboration de la psychothérapie institutionnelle avec des acteurs tels que François Tosquelles, Félix Guattari et Jean Oury. Un soin tout particulier est porté sur l’ambiance, à la manière d’accueillir la souffrance et de fournir les possibilités concrètes d’une multiplicité de transferts que l’institution a pour but de rassembler. Ce lieu a ouvert ses portes en 1953 avec pour héritage la guerre civile espagnole et les dispensaires déployés sur le front catalan, les camps de Septfonds et l’expérience de la résistance à l’hôpital psychiatrique de St-Alban-s/-Limagnole.
21 janvier :
– Olivier Jan, psychologue à l’UMAPP, doctorant en psychologie et Gaétan Langlard, doctorant en psychologie. La santé mentale des populations SDF : processus psychiques en jeu dans l’exclusion et dynamique de l’errance. La nécessité d’une bonne institution pour prendre soin
28 janvier :
– René Chaudoy, Évolution et restructuration des équipements de santé mentale, de l’architecture institutionnelle a l’intervention dans le milieu social. Résumé de sa thèse : Comment percevoir aujourd’hui l’évolution de la santé mentale ? Qu’en est-il des reformes apportées dans ce domaine, ou le mouvement des idées, celui des groupes sociaux, des institutions dominant le processus d’évolution des équipements de santé mentale s’est organisé autour de l’image répressive de l’asile. Dans le passage de l’architecture institutionnelle a la politique de sectorisation mis en place dans les années soixante, apparaissent les remises en cause du système de prise en charge. La psychiatrie tente de modéliser de nouveaux lieux d’intervention dans le champ urbain. Les déplacements s’opèrent dans le temps produisant d’autres formes de spatialisation qui sont la conséquence de dialectiques et de stratégies diverses : institutions, groupes professionnels. Il s’agit de proposer a travers ces travaux les moyens d’objectiver les transformations du dispositif de prise en charge des malades mentaux en faisant du cadre bâti un indicateur des pratiques institutionnelles et des groupes socio-professionnels. En effet, en réinscrivant la production des équipements dans une dimension spatiale, nous faisons l’hypothèse que l’espace est devenu objet de la pratique des groupes socio-professionnels, qu’il est la trace de leurs actions et des stratégies qu’ils développent.
L’adresse: Echelle Inconnue, 18 rue Sainte Croix des Pelletiers / Rouen