La Mad Pride, revendiquer la folie ?
« Les fous marchent pour sortir du silence » écrivait dans Libé, Eric Favereau, pour la première édition de la Mad Pride à Paris, pendant que l’Agence France-Presse titrait « Les malades mentaux défilent contre la descrimination ».
Le slogan « Fous, et alors ? » rappelle la récente campagne d’affichage « Une de ces personnes est handicapée psychique, et alors ? ». Ces slogans ont pour but d’interpeller le grand public, de rendre visible une population ignorée : celles des usagers des services en santé mentale.
Le terme usager désigne le patient qui bénéficie de soins en psychiatrie. Il hérite dans l’imaginaire collectif de la place qu’occupait le fou du temps où il était enfermé à l’asile. Le patient psychiatrique d’aujourd’hui, lui, se soigne en ville, hors les murs, et s’efforce pour être reconnu en tant que citoyen à part entière. Mais l’image du fou lui colle à la peau.
Dans ce blog et dans notre société en général, le mot fou est banalisé. Mais sommes-nous assez fous pour revendiquer une pathologie mentale sur la place publique? La folie est-elle uniquement affaire de maladie mentale ou concerne-t-elle aussi l’ensemble de la société, aussi bien les difficultés psychologiques que la folie dite ordinaire ?
Est-ce uniquement une marche pour réclamer un traitement plus humain des maladies mentales dans le champ de la santé?
La Mad Pride a le mérite de fédérer de nombreuses associations et chacun peut avoir ses propres raisons pour défiler. Mais il faudrait que les personnes concernées puisse s’approprier l’événement car personne n’est intrinsèquement fou ni folle sauf aux yeux des autres.
Il n’y a pas de fierté à être suivi en psychiatrie mais on peut célébrer, le temps d’un carnaval, la folle envie d’être ensemble et de vivre comme tout le monde.